Ouvrir une entreprise au Québec : le guide complet pour nouveaux arrivants algériens



Arriver et s’installer au Québec avec l’envie d’entreprendre, c’est jongler entre l’immatriculation au REQ, l’obtention du NEQ, l’inscription TPS/TVH et TVQ, la CNESST si vous embauchez, le compte bancaire d’entreprise, sans oublier le marketing pour trouver vos premiers clients. Ce guide opérationnel rassemble tout ce qu’il faut pour créer une entreprise au Québec quand on vient d’Algérie — un canevas clair qui parle aussi aux personnes issues de l’immigration algérienne, de l’immigration maghrébine et de l’immigration francophone. Objectif : transformer une idée en activité rentable, rapidement et proprement.

1) Choisir la bonne forme juridique : simple, claire et adaptée à votre réalité

Trois options dominent pour un.e entrepreneur.e qui démarre :

  • Entreprise individuelle (travailleur autonome)
    La voie la plus simple et la moins coûteuse. Idéale pour tester un service seul (conseil, design, services personnels). Revenus et dépenses sont déclarés dans votre déclaration personnelle. Vous pouvez quand même immatriculer votre nom d’entreprise au REQ et obtenir un NEQ.
    À retenir : responsabilités illimitées (vos biens personnels ne sont pas cloisonnés) et marge d’optimisation fiscale plus limitée qu’en société.

  • Société en nom collectif (SENC)
    Pour deux associés ou plus qui veulent démarrer sans créer une personne morale. Simple et peu coûteuse, mais les associés restent solidairement responsables des obligations de la société. Une convention d’associés solide est indispensable (entrées, sorties, répartition, non-concurrence).

  • Société par actions (compagnie, “INC”)
    Création d’une personne morale distincte : meilleure crédibilité, limitation de responsabilité, accès facilité à certains contrats B2B et investisseurs. En contrepartie : coûts et formalités supérieurs (constitution, livres corporatifs, états financiers, déclarations). C’est le choix standard dès qu’on vise de la croissance, des actifs de marque ou des contrats avec risques.

Raccourci décisionnel (pragmatique)

  • Activité solo, risque contractuel faible, validation de marché → entreprise individuelle.

  • Association de compétences, projet léger → SENC (avec convention d’associés).

  • Ambition de marque, B2B, responsabilité à encadrer, revenus > 100 000 $ → INC.

Réflexe utile pour immigrer au Québec comme entrepreneur : pensez « évolutif ». Commencez simple (individuelle) pour tester; incorporez dans 6–12 mois si le chiffre d’affaires, la marque et les risques augmentent.

2) Immatriculer et obtenir le NEQ : votre identité d’affaires au Québec

Au Québec, « immatriculer » signifie inscrire l’entreprise au Registraire des entreprises du Québec (REQ). L’immatriculation génère un Numéro d’entreprise du Québec (NEQ) à 10 chiffres qui identifie votre entreprise dans l’écosystème provincial (démarches administratives, banques, fournisseurs).

Points clés

  • Le NEQ est un identifiant, pas un permis : selon votre secteur, des permis ou licences spécifiques peuvent être requis (alimentation, construction, transport, santé, etc.).

  • Après immatriculation, vous devez maintenir vos informations à jour (ex. mise à jour annuelle et changements d’adresse, d’administrateurs, d’activités).

  • Vous pouvez rechercher une entreprise (par NEQ ou par nom) pour faire votre due diligence (utile pour vérifier un fournisseur, partenaire, employeur).

Combien ça coûte et combien de temps ?

  • Les frais varient selon la forme (déclaration d’immatriculation, constitution d’une société par actions) et la rapidité (standard vs accéléré).

  • En ligne, comptez généralement quelques jours ouvrables pour obtenir votre NEQ si le dossier est complet.

Erreurs fréquentes

  1. Confondre NEQ (provincial) et numéro d’entreprise fédéral (BN) de l’ARC : deux systèmes différents, pour des finalités distinctes.

  2. Oublier la mise à jour annuelle au REQ (frais et pénalités en cas de retard).

  3. Choisir un nom trop proche d’une marque existante : faites une recherche au REQ et vérifiez le nom de domaine avant d’imprimer des cartes ou de lancer la pub.

3) Taxes de vente : TPS/TVH (fédéral) et TVQ (Québec), le seuil du « petit fournisseur » à 30 000 $

Tant que vous êtes petit fournisseur (moins de 30 000 $ de fournitures taxables sur un trimestre civil OU sur quatre trimestres civils consécutifs), vous n’avez pas l’obligation de vous inscrire pour facturer la TPS/TVH et la TVQ. Dès que vous cessez de l’être, l’inscription devient obligatoire.

Deux cas standards

  • Dépassement dans un seul trimestre civil : vous cessez d’être petit fournisseur le jour où la vente vous fait dépasser 30 000 $; vous devez commencer à facturer immédiatement, y compris cette vente-là, et vous inscrire sans tarder.

  • Dépassement sur quatre trimestres consécutifs (sans dépasser dans un trimestre pris isolément) : vous cessez d’être petit fournisseur à la fin du mois suivant ce trimestre. Vous devez vous inscrire et commencer à facturer à partir de la première vente qui suit.

Détails importants

  • Le calcul du seuil inclut les fournitures détaxées et la juste valeur des opérations de troc/échange; certaines opérations sont exclues (ex. certains services financiers, vente d’immobilisations).

  • Au Québec, on gère TPS (fédéral) et TVQ (provincial) auprès de Revenu Québec.

  • Inscription volontaire : si vous investissez beaucoup au départ (équipement, logiciels, sous-traitance), s’inscrire avant le seuil peut permettre de récupérer des CTI/RTI (crédits de taxe sur intrants). À évaluer avec votre comptable.

Bon réflexe pour un.e entrepreneur.e issu.e de l’immigration algérienne ou de l’immigration maghrébine : suivez votre cumul trimestriel de ventes (tableur simple). Vous anticipez le franchissement du seuil et évitez les ratés de facturation.

4) Compte bancaire d’entreprise, assurances et CNESST : préparer l’opérationnel

Compte bancaire d’entreprise

  • Séparez strictement vos flux pro/perso. C’est vital pour démontrer vos CTI/RTI (TPS/TVH) et remboursements TVQ, et pour votre crédibilité auprès des clients, bailleurs, partenaires.

Assurances

  • Responsabilité civile (dommages à des tiers), responsabilité professionnelle (erreurs/omissions), cyber (si vous traitez des données). Un courtier peut bâtir un package évolutif, utile quand on débute et qu’on prévoit de monter en gamme.

CNESST (si vous embauchez)

  • Délai : 60 jours à partir du premier jour de travail de votre premier employé pour vous inscrire; possible 30 jours avant s’il y a une date d’entrée fixée. Inscription tardive = frais.

  • MonEspace CNESST : portail en ligne (via clicSÉQUR – Entreprises) pour gérer obligations, communications et paiements.

5) Marketing & ventes : du nom à l’acquisition, passer en mode « traction »

Créer une entreprise pour un immigrant algérien (ou tout nouvel arrivant de l’immigration francophone) ne se résume pas à des formulaires : il faut vendre. Méthode minimale mais puissante :

1) Nom, positionnement, marque

  • Un nom mémorisable, cohérent avec votre territoire de marque (valeurs, promesse, ton).

  • Un Onliness Statement (énoncé d’unicité) en une phrase.

  • Un logo propre et des repères visuels simples (couleurs, typo).
    → Besoin d’aller vite : agence de branding au Québec

2) Site web & SEO/AEO

  • Pages essentielles : Accueil, Services, À propos, Études de cas/Témoignages, Contact.

  • SEO/AEO : structure H1–H3, balises title/meta, FAQ enrichie (schéma), maillage interne, pages locales (Montréal, Laval, Rive-Sud), contenus « s’installer au Québec », « immigrer au Québec ».

  • Contenus : guides pratiques (comme cet article), comparatifs (individuelle vs INC), checklists.
    → Accélérer le delivery : site web professionnel & SEO

3) Publicité en ligne

  • Google Ads (intention) : campagnes par services et localités; extensions d’accroche; suivi des conversions.

  • Meta Ads (audiences) : ciblage diaspora, immigration maghrébine, immigration algérienne, centres d’intérêt pro, retargeting 30 jours.
    → Lancer proprement : publicité en ligne pour PME

4) Contenu, relations et offre

6) Comptabilité & fiscalité : éviter les angles morts dès le départ

Avant le choix définitif du statut (individuelle vs INC), modélisez :

Livrables minimaux

  • Plan comptable simple, procédure de facturation, gabarit de devis/contrat.

  • Tableau de bord trésorerie (90 jours), suivi du seuil « petit fournisseur ».

  • Dossier taxes clair (collecte, remises, CTI/RTI).

7) Budget type & calendrier 90 jours (réaliste pour nouveaux arrivants)

Semaine 1–2

  • Décision forme juridique + nom (vérifs REQ + domaine)

  • Immatriculation au REQNEQ

  • E-mail pro + compte bancaire d’entreprise

  • Outil de facturation (taxes activables)

Semaine 3–4

  • Évaluer le seuil 30 000 $inscription TPS/TVH & TVQ si nécessaire (ou volontaire pour CTI/RTI)

  • Charte de marque légère; landing page; offre « pack démarrage »

  • Mise en place CRM/pipeline de suivi des prospects

Mois 2

  • Google Ads (services/localités), Meta Ads (audiences diaspora)

  • 3–4 articles SEO (dont ce guide), FAQ schématisée

  • Si embauche : CNESST (inscription, politiques SST)

Mois 3

  • Optimisation ROAS, retargeting, partenariats B2B (comptables, notaires, courtiers)

  • Revue fiscale (acomptes, CTI/RTI), trésorerie et plan Q2

8) FAQ — le concentré « prêt à décider »

Comment obtenir mon NEQ ?
En immatriculant votre entreprise au REQ. Le NEQ (10 chiffres) identifie votre entreprise au Québec et facilite les démarches.

Quelle différence entre immatriculer et incorporer ?
Immatriculer = inscrire l’entreprise au registre. Incorporer = créer une société par actions (personne morale distincte). Les obligations et coûts diffèrent.

Quand m’inscrire à la TPS/TVH & TVQ ?
Dès que vous cessez d’être petit fournisseur : dépassement 30 000 $ dans un trimestre (inscription immédiate et facturation y compris sur la vente qui dépasse) ou dépassement sur 4 trimestres consécutifs (vous cessez d’être petit fournisseur à la fin du mois suivant et vous facturez à la première vente qui suit).

Puis-je m’inscrire volontairement avant le seuil ?
Oui, utile si vous avez des investissements initiaux et souhaitez récupérer des CTI/RTI (attention à la trésorerie).

J’embauche : que faire avec la CNESST ?
Inscription obligatoire comme employeur (délai 60 jours). La gestion se fait dans MonEspace CNESST (via clicSÉQUR – Entreprises).

Comment vérifier l’existence d’une entreprise au Québec ?
Recherchez-la dans le registre des entreprises (par NEQ ou raison sociale).

Conclusion

Lancer son entreprise lorsqu’on vient d’Algérie (ou plus largement de l’immigration maghrébine/francophone) demande une méthode : forme juridique adaptée, immatriculation et NEQ, TPS/TVH et TVQ au bon moment, CNESST si vous embauchez, puis marketing et ventes pour enclencher la traction. Avec un calendrier 90 jours, vous ancrez des fondations administratives solides et un pipeline d’acquisition réel.

Pour gagner du temps et éviter les erreurs :

Sources officielles

  • Gouvernement du Québec — Démarrer une entreprise (parcours et services en ligne)

  • Registraire des entreprises du Québec (REQ) — Immatriculer/constituer, NEQ, registre public

  • Revenu Québec — Inscription TPS/TVQ, « petit fournisseur » (seuil, modalités), inscription et remises

  • Agence du revenu du Canada (ARC) — Quand s’inscrire et commencer à facturer la TPS/TVH (dépassement 1 trimestre vs 4 trimestres)

  • CNESST — S’inscrire comme employeur (délai 60 jours) et MonEspace CNESST

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