Socrate : Je ne sais qu'une chose, c'est que je ne sais rien


"Je ne sais qu'une chose, c'est que je ne sais rien", est-il vrai qu'un cuistre a toujours raison? ‘La seule chose que je sais, c’est que je ne sais rien’ affirma sentencieusement le très ignorant mais très sage Socrate lors de son procès dans une célèbre plaidoirie rapportée depuis par Platon dans un livret intitulé ‘l’apologie de Socrate’. Combien sont-ils en Algérie, qui, à l’exemple de Socrate, savent qu’ils ne savent rien ? Un ? Deux ? Dix ? Cent ?

Pour ceux et celles d’entre vous qui, en classe terminale, auraient trouvé le cours de philo portant sur Socrate trop barbant ce qui, du reste, ne m’étonnerait guère, voici un bref rappel : Socrate, né on ne sait exactement de combien d’années avant Jésus-Christ puisque l’agent d’état civile chargé  de l’enregistrer était dans l’incapacité de situer la date de naissance du petit philosophe par rapport à celle d’un Christ dont il ne pouvait prévoir la venue prochaine au monde et encore moins en préciser la date, Socrate, disais-je donc, était un philosophe grec. On connait peu de choses sur sa vie, toutefois, il est établi que  pendant que les autres citoyens athéniens se rendaient utiles à la cité en vaquant chaque matin à leurs occupations, Socrate préférait, dit-on, babiller avec un groupe d’adolescents boutonneux (parmi lesquels on comptait Platon) qu’il finit par sodomiser à tour de rôle un soir qu’il voulut leur expliquer l’amitié au sens socratique. Coupable d’attouchements sur mineurs, Socrate fut condamné à mort par  suicide à la ciguë. Voilà pour la petite histoire.

Un cuistre qui, par définition, est aux antipodes de la posture socratique, ne sait qu’une seule chose, c’est qu’il sait tout. Pas la peine de faire les grands yeux, c’est possible. Je vous donne un exemple :

Hier soir, au café, je menais calmement une discussion de haute volée avec un ami sur une pièce poétique de la tradition orale algérienne, quand une tierce personne, dont je tairais le nom, médire d’elle comme je le fais c’est déjà lui faire trop d’honneur, s’en mêla pour corriger une erreur que j’eusse apparemment faite. 

La pièce en question est Yamna de Cheikh Abdelkader Elkhaldi, chantée par Cheb Khaled sous le titre de Yamina, chanson que j’ai eu l’heur de traduire en français il y a quelque jours de cela (c.f Tel Quel poésie « Yamina »)

‘Non, ce que ce vers veut dire c’est ******’

‘As-tu déjà pris connaissance du texte ?’ Lui rétorquai-je

‘Non, mais je sais que cela veut dire *******’ insista-t-il, avec dans le regard ce venin noir qui charge l’œil souffrant de la chienne battue.  

‘J’ai travaillé sur ce texte, qui, pour ta gouverne, est un poème de Cheikh Abdelkader Elkhaldi, et je peux t’assurer que tu fais erreur’         

‘Non, je suis sûr de moi, je le sais !’  S’empourpra-t-il, plus catégorique et plus rageux.  

‘Tu as raison’ Répondis-je. Fin de la discussion. CQFD.


Par Nazim Baya

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