Ferhat Abbas


Ferhat Abbas, de son vrai nom Ferhat Mekki Abbas, était un leader nationaliste algérien et membre du Front de Libération Nationale (FLN) durant la guerre d’indépendance. Il est le premier président du GPRA, le Gouvernement Provisoire de la République Algérienne et le premier chef d’Etat de la République Algérienne Démocratique et Populaire après son élection à la tête de l’Assemblée Constituante au lendemain de l’indépendance de l’Algérie.

Ferhat Abbas est né le 24 août 1899 à Taher à Jijel au sein d’une famille bourgeoise paysanne originaire de la petite Kabylie. Il suit ses études primaires à Jijel puis part à Philippeville (actuelle Skikda) en 1914 pour poursuivre ses études secondaires.

Il passe son service militaire de 1921 à 1924 et commence à écrire pour différents journaux. Il rejoint la faculté d’Alger et étudie la pharmacie de 1924 à 1933. Il devient le promoteur de l’Amicale des étudiants musulmans d’Afrique du Nord qu’il transforme en association. En 1930, il est élu vice-président de l’UNEF lors du congrès d’Alger.

Il milite au sein du Mouvement de la Jeunesse Algérienne réclamant l’égalité des droits. Il publie en 1931 son livre Le Jeune Algérien qui regroupe les articles qu’il a écrit durant les années 1920. Une fois son Doctorat en Pharmacie obtenu en 1933, il s’installe à Sétif et devient conseiller général, conseiller municipal en 1935 puis délégué financier. En 1937, il est nommé rédacteur en chef du journal l’Entente franco-musulmane qui devient une tribune d’expression de l’Union populaire algérienne, un parti qu’il crée en 1938.

Il s’engage volontairement dans l’armée française en 1939. Déçu par le régime de Pétain, il comprend enfin qu’il n’existe pas d’égalité dans le cadre de la souveraineté française. Le 10 février 1943, il publie « Le Manifeste du peuple algérien » suivi du « Projet de réformes » faisant allusion à une nation algérienne soumis à la Commission des réformes économiques et sociales musulmanes. Ce projet est refusé et Ferhat Abbas est assigné à résidence par le général de Gaule.

Soutenu par le Cheikh Brahimi et Messali Hadj, il fonde les Amis du manifeste de la liberté (ALM). Il crée l’hebdomadaire Egalité puis il est arrêté et son association dissoute au lendemain des émeutes de 8 mai 1945. Après sa libération en 1946, il crée l’Union Démocratique des Manifestes Algériens (UDMA) et devient en juin de la même année député de Sétif.

Son projet sur le statut de l’Algérie refusé deux fois, il quitte l’Assemblée en 1947. Son hebdomadaire Egalité devient en 1948 Egalité-République Algérienne puis République Algérienne. Dès 1953, il annonce une rupture définitive avant que le FLN lance les premières actions armées le 1er novembre 1954 qui marque le début de la guerre d’indépendance.

Après plusieurs rencontres avec Abane Ramdane et Amar Ouamrane, il rejoint secrètement le FLN en 1955 puis l’annonce officiellement en 1956 au Caire. Il devient membre titulaire du Conseil National de la Révolution Algérienne (CNRA) à l’issu du congrès de la Soummam puis intègre le Comité de Coordination et d’Exécution en 1957. Il est élu président du premier gouvernement provisoire de la république algérienne en 1958 et 1960. Jugé pas assez ferme face au gouvernement français, il est remplacé par Ben Youcef Ben Khedda.

Après l’indépendance de l’Algérie, il rallie les partisans de Ben Bella lors de la crise opposant le GPRA et le FLN. Il devient le président de la première assemblée constituante avec 155 voix contre 36 blancs. Il proclame le 25 septembre 1962 la naissance de la République Algérienne Démocratique et Populaire.

Il s’oppose farouchement à la politique de soviétisation de l’Algérie de Ben Bella. Ce dernier l’exclu du FLN et l’emprisonne dans le Sahara algérien et ne sera libéré qu’en mai 1965, à la veille du coup d’Etat du 19 juin par Houari Boumédiène.

Toujours aussi militant et fervent démocrate, il rédige un « Appel au peuple algérien » en mai 1976 avec Ben Youcef Ben Khedda, Mohamed Kheireddine et Hocine Lahouel dénonçant le pouvoir personnel de Boumédiène. Il est assigné à résidence jusqu’en 1978.

Il publie ses mémoires dans Autopsie d’une guerre en 1980 puis L’indépendance confisquée en 1984 qui dénonce la corruption et la bureaucratie qui régnait à l’époque en Algérie. Le 30 octobre 1984, il est décoré de la médaille du résistant au nom du président alors en exercice, Chadli Bendjedid. Ferhat Abbas est mort le 24 décembre 1985 à Alger et enterré au Carré des martyrs.

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