Algérie : Vendredi saint au sein du débat


En 1962, l’Algérie se libérait du joug du colonialisme. En 1976, elle entrait dans la légendaire Machine à Remonter l’Evolution en décidant, parallèlement à la politique d'arabisation, de se couper du monde quatre jours par semaine au lieu de deux. Comment avons-nous réussi cet exploit ? Tout simplement en imposant le décalage comme raison d’Etat. Ainsi, pour mieux marquer la rupture avec l’Occident et du même coup, embrasser l’Islam comme si nous en étions à notre première étreinte (et ces nuits torrides de 647 à 776, tu les as oubliées ?!) « on » a fait passer le week-end jeudi-vendredi à la place du très célèbre samedi-dimanche, triste amant rejeté. Il n’est pas beau ce camouflet, digne successeur du coup d’éventail - ou de chasse-mouche si vous préférez - de 1827 ? Car enfin, nous sommes en accord avec notre véritable culture, la fameuse culture arabo-musulmane (!). 

Ce non-sens était déjà un problème lorsque l’Algérie, à l’époque de la Guerre Froide, ne sympathisait qu’avec les Pays Non-alignés. Il l’était un peu moins lorsqu'elle a fait Fâche Général avec tous les pays du monde en sombrant plus ou moins accidentellement dans la guerre civile (quoique que si on y réfléchit à deux fois, on remarquera que le repos du vendredi a permis ces longues prêches sans interruptions intempestives d’ordre professionnel). 

Aujourd’hui, à l’heure où le terrorisme demeure résiduel et où l’Algérie devient une terre fertile pour qui veut faire pousser des dollars en forme de dinars, arriver le samedi matin pour lire une montagne de mails et devoir se retenir jusqu’au lundi pour y répondre devient ingérable (bien entendu, je minimise les effets secondaires qui se posent en millions de dollars par jour). Le FCE l’a bien fait remarqué, et excédé par le manque de discernement de nos dirigeants, Mittal Steel n’a pas attendu que la décision soit prise à l’échelle nationale pour instaurer dans ses locaux le fils métissé du week-end universel et du week-end algérien (et libyen et saoudien), soit le vendredi-samedi. 

Maintenant, la discussion prend de l’ampleur et tout le monde s’en mêle pour mieux s’emmêler. Les islamo-conservateurs revendiquent le vendredi chômé comme faisant partie intégrante, quoique non intègre, de l’identité de l’Algérien. Serions-nous au bord de l’intégrisme ? Changer de jours de repos risque donc de nous faire perdre nos repères, voire notre nom et le nom de jeune fille de nos mères. « Allons, chiche, prenons ce risque », disent les démocrates (ces kouffar !). « On s’en fiche » disent les chômeurs, « pour nous tous les jours se ressemblent ». Chacun ses arguments. Prière, économie ou indifférence, le débat est ouvert. Notons tout de même que prendre la religion comme prétexte ressemble à de l’obstination aveugle, car lorsque la quasi-totalité des pays musulmans appliquent le week-end universel sans se sentir lésés, pourquoi les algériens en seraient-ils incapables ? Notre foi serait-elle vacillante ? 

Personnellement, je ne cautionne pas l’instauration de ce repos du vendredi-samedi. L’originalité est certes appréciable, mais quitte à mener un combat, puisque combat il y a, quel est l’intérêt de faire les choses à moitié pour ne pas choquer les consciences pour finalement devoir se rendre à l’évidence dans plusieurs années et appliquer un nouveau changement ? 

Un minimum de réflexion et de logique devrait inévitablement mener au retour au week-end universel. Pour rassurer les plus croyants d’entre nous, je tiens à souligner que normalement, aucun bon musulman ne fera l’erreur d’aller à l’Eglise le dimanche (ce qui après tout ne serait qu’un simple réflexe dû à notre lointain passé de peuple chrétien…). 

Par Nanou 

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