Printemps berbère : longue et douloureuse marche pour la liberté


Aujourd’hui correspond au 39ème anniversaire du printemps berbère. Et nous sommes encore là à manifester dans rue car le système autoritaire est toujours en place.

Certes, des pas importants ont été franchis. Mais il reste l’essentiel : l’ouverture du champ des libertés. La démocratie est d’abord un fait avant d’être un concept.

En osant se réapproprier l’espace public et en brisant le monopole du parti unique sur la parole, le printemps amazigh est incontestablement le précurseur et le catalyseur du combat démocratique en Algérie.

Seulement, la propagande indigne de la dictature et ses effets sur les imaginaires sociaux l’ont empêché de s’étendre et de s’épanouir. Quelques séquelles résiduelles sont encore présentes dans la société
.
Si le pouvoir avait pris le soin d’entendre le message porté par le printemps 80, le pays aurait évité beaucoup de drames.

L’insurrection citoyenne actuelle est dans certaine mesure le prolongement du printemps berbère. Et cette fois, le système n’a pas d’autres choix que de disparaître
.
La libération est proche. Elle prendra la forme que lui donneront les acteurs réellement attachés au changement radical. L’Algérie sera démocratique ou ne sera pas.

En ce jour de commémoration et de combat, ma pensée va à tous nos camarades militants disparus. Parmi eux, les compagnons de prison et je cite Berdous Maamar, Bacha Mustapha, Mhamed Rachedi, Boukrif Salah, Achour Belghezli et Zadi Farid.

Ma pensée va au jeune Amzal Kamel. Son assassinat abject portera à jamais l'empreinte d'une complicité flagrante et criminelle entre l'autoritarisme nationaliste et l'intégrisme islamiste. Complicité qui prendra par la suite la forme d'une entente contre le peuple algérien et qui peut resurgir à tout moment.

Comment puis-je oublier mon ami Lounès Matoub, lui qui a tout donné à la cause amazighe et au combat démocratique.

Ma pensée va aussi aux 128 victimes du printemps noir, froidement assassinées par la dictature. Des victimes sans coupables, un drame non encore élucidé.

Je ne peux oublier les victimes du terrorisme et les disparus. Autre drame non élucidé.

Une pensée particulière aux martyrs de 1963 et à tous les militants démocrates partis dans la douleur et le souci du pays.

Enfin, un hommage aux chouhadas de la guerre de libération nationale dont la mémoire est sans cesse torturée par les usurpateurs de toutes sortes.

Mais il y aussi les autres victimes, celles dont ne parlent jamais ou très peu. Ce sont les harragas, les malades qui meurent faute d’un système de santé performant, les femmes battues ou encore ceux qui se suicident par désespoir.

Les suppliciés de la dictature sont très nombreux. Pardon de ne pouvoir tous les citer.
Tel est résumé le bilan macabre du système en place. Peut-il encore rester ?

Djamel Zenati

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