Parcmètres vivants


Ça va ? Ça tourne là ? Tu prends mon meilleur profil, ok ! Bon Omar approche-toi un peu là, voilà... Pas trop près quand même, t’es gentil ! Voila merci... Allez ça tourne !

Journaliste : Qui sont ces jeunes individus qui ont envahi nos trottoirs en imposant leurs lois et qui font du racket leur fond de commerce ? Entre voler et service rendu, la frontière est bien mince. 

Y’en a ceux qui font ça par nécessité, d’autres pour arrondir les fins de mois. Mais beaucoup ont trouvé la, juste un moyen et une combine de se faire de l’argent sans se fouler la rate. Pire que les vols à l’arrachée, le gardiennage sauvage est devenu donc un vrai business qui génère des millions de dinars par jours.

Ont-il des projets dans la vie ? Comptent-ils nous faire chier longtemps ? Leur maman savaient-telles que leurs garçons ne sont pas des simples vendeurs de mhadjeb mais des agresseurs ? Nous allons tenter de répondre à toutes ces questions en demandant a l’un de ces parcmètres vivants qui pullulent un peu partout, quels sont encore une fois leurs projets dans leur vie de merde.
Alors j’ai avec moi Omar, Omar vous n’êtes pas un voleur parmi les nombreux autres, vous êtes en fait celui qui a eu en premier l’idée de faire payer les gens pour un service qu’ils n’ont jamais demandé. 

On peut dans un premier temps vous saluer et vous accorder le mérite d’avoir eu cette idée de génie en premier . Bon y a au départ l’idée de base que tout le monde connait et qui consiste a créer le besoin pour en fournir le service par la suite, mais vous, comme je le disais, vous fournissez le service et imposez le besoin par la suite ! Comment l’idée vous est elle venue ?

Omar : Eh bien c’est tout simple, le jour ou je me suis fais viré de l’école après avoir été chopé en train de voler l’autoradio du directeur de mon école primaire, je devais absolument me démerder dans la vie. Ma mère attendait son 8ème enfant et mon père avait de l’argent que pour en nourrir 7 ! Ils m’avaient donc clairement fait comprendre que je devais me débrouiller tout seul si je voulais pas crever de faim. 

C’est de là qu’avec deux autres de mes camarades on a u l’idée d’ouvrir une petite PME de « vendeur d’autoradios tous frais »…..oui comme le poisson quoi . Alors l’axe principal de notre offre si vous voulez, c’était de vendre des autoradios tombés du camion mais du matin. Un de mes associés et moi même se chargions d’usurper la marchandise moyennant…. une vitre cassée, et le 3ème lui, se chargeait de revendre la marchandise dans les marchés.

Bon l’état n’a pas voulu nous aider, on a bien essayé de faire appel a l’ENSEJ pour un prêt sans intérêt mais rien a faire, ces bâtards trouvaient que notre commerce ne rentrait pas dans la légalité, alors qu’il était pas plus malhonnête que toutes ces entreprises de transit qui ouvrent un peu partout. 

Enfin bref on a donc lancé notre affaire avec des fonds de contribuable forcé, là aussi il a fallu effectuer quelques agressions. Une fois lancés dans les affaires on a très vite découvert que d’une, le marché était déjà saturé et de deux les risques étaient trop gros.

C’est là où un jour en étant tranquillement en train de me balader dans ma rue, je faisais l’inventaire un peu de tout ce que j’allais chourer, c’est là donc ou je sais pas comment, c’était comme un éclair de génie, j’ai eu l’idée de me faire payer par les gens afin que je ne leur subtilise pas leur autoradio. C’était comme un dédommagement en fait. Moyennant une petit somme d’argent qui pouvait varier de 30 à 50 DA je m’engageais a me surveiller moi même. 

Au début personne n’a vraiment crue a mon concept, tout le monde se foutait de ma gueule dans le quartier. A raison de 30 DA la voiture mes potes trouvaient les gains dérisoires. Mais ce qu’ils ne savaient pas ces abrutis, c’est qu’en une journée je pouvais taxer près d’une centaine de voitures et que du coup ma combine rapportait énormément et elle était surtout sans aucun risque et ne demandait pas d’effort !

Très vite, tous les autres voleurs des rues avoisinantes faisaient la même chose….Putain j’aurai du déposer des droits sur mon idée je me ferais des couilles en or en ce moment ! A présent el hamdou allah je m’en sors bien, je loue mon quartier a des petits voleurs que je recrute dans les marchés.

Journaliste : Quel succes story ! Rien a dire c’est à l’image de notre beau pays, mais dites moi. Avez-vous d’autres projets ? Si un jour l’état décide de mettre fin a ce racket, qu’allez vous devenir ?

Omar : ho vous savez, les pouvoirs publics en Algérie n’on strictement rien a foutre de notre business, bien au contraire ! Le taux de vol de voitures a baissé et les flics peuvent roupiller tranquillement sans se faire chier au commissariat avec des dépôts de plainte par une pisseuse fille a papa qui s’est fait forcer sa voiture toute neuve ! Elle a qu’à nous filer 50 DA et elle a l’assurance de retrouver sa voiture intacte a son retour.

Journaliste : C’est bien beau tout ça, mais viendra un jour où ça sera fini pour vous ! Un autre viendra prendre votre place, comme dans la jungle quoi !

Omar : Tu me prends pour un abruti toi ? Mais avec tout l’argent que je me ramasse je vais ouvrir ma propre boite de transit et je pourrais me faire de la thune en toute légalité et avec la bénédiction de l’état.

Journaliste : C’est tout le mal que je vous souhaite. En fait ce que l’on peut conclure de tout cela, c’est que nous avons devant nous, les nouveaux modèles de réussite a l’Algérienne. 
Des jeunes gens sans aucune qualification ni savoir faire, des gens qui bâtissent leur empire sur le vol et l’escroquerie de leurs compatriotes, tout ça dans un joyeux foutoir administratif, on peut même parler d’un Algérian Dream . 

l’Algérie en fait est un formidable laboratoire de physique a ciel ouvert ou tous ses éléments, toutes ses microbes, évoluent selon des règles bien précises. Que cela soit les policiers, les filles a papa , ou les voleurs…. un voleur par exemple qui arrête de voler n’est pas une perte pour la société, mais il se transforme simplement en un homme d’affaires avisé, et cet homme par la suite ne va rien créer mais là aussi, récupérera ce qui existe déjà en le transformant en un business lucratif.

Tout cela nous renvoie si vous préférez, à cette fameuse loi bien connue de cet éminent chimiste « Lavoisier » qui nous expliquait il y a bien longtemps déjà, qu’en ce bas monde « rien ne se perd, rien ne se crée mais tout se transforme ». …..merci Omar de votre précieux témoignage .

Omar : c’est moi qui vous remercie et comme diraient mes collègues gardiens de parking « rana hna » nous sommes là ! 

Par Le roi en paix

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