12 février 2011 : De(venons) nombreux.


Depuis la chute spectaculaire de Ben Ali, les sujets des dictatures de ce monde n'aspirent qu'à voir leurs tyrans faire eux aussi un vol plané et s'écraser définitivement. Pourtant, les démocraties occidentales et les dictatures en place s'accordent à dire que les peuples opprimés ne sont pas encore capables d'apprécier cet Etat de droit qu'ils revendiquent. Tendance à l'islamisme, absence de cours de Présidence de la République à l'école, toutes les raisons sont bonnes pour nous laisser préparer tranquillement la démocratie dans la misère et la fermeture médiatique (ou comment apprendre les claquettes à un cul-de-jatte). Cette opinion s'est frayée un chemin jusque dans la population elle-même, puisque certains affirment que nous méritons notre sort, preuve que le lavage de cerveaux a fait son effet.

Je ne crois pas qu'il y ait de peuples prêts pour la démocratie, je pense qu'il faut y aller et s'y adapter, et non pas s'y préparer en attendant qu'elle arrive. Qui nous dira que nous sommes prêts ? Un président élu par la fraude ? Un pays occidental consommateur de pétrole ou de séjours en pension complète ? La solution ne viendra jamais d'en haut, ni de l'extérieur. La solution doit venir de nous.

Moubarak, qui a vacillé pendant des jours, a donc fini par céder et lâcher son trône. Qui sera le prochain ? A la veille du match entre le peuple et le pouvoir algérien, on aurait bien une idée, ou plutôt, un espoir. Car si l'autorisation de marcher à Alger a été refusée pour raisons de sécurité, on aimerait penser qu'en effet, après la chute des régimes tunisien et égyptien, c'est la sécurité du régime algérien qui est compromise. Le fait d'autoriser 40 journalistes étrangers à couvrir un événement sensé ne pas avoir lieu n'est qu'une manipulation de plus de la part d'un pouvoir qui se sait illégitime et restera, quoiqu'il arrive, l'aveu d'une faiblesse.

Personne ne sait ce qu'il adviendra du mouvement de demain, mais aujourd'hui 11 février, il est encore permis de rêver. C'est un luxe que nous pouvons rarement nous permettre.

Alors rêvons, et demain, (de)venons nombreux.

Par Nanou

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