Algérie : Passé, présent et no future


Ces derniers jours ont été riches en commémorations en tous genres. Il y a d'abord eu l'anniversaire du Printemps Berbère qui a fait du combat pour la démocratie et la reconnaissance identitaire un trentenaire amer et aigri alors qu'il aurait dû être un éternel adolescent. Puis nous avons eu la journée de la Liberté de la Presse, qui presse toujours, et enfin les 65 ans du 8 mai 1945, date de répressions meurtrières menées par une autorité illégitime, les premières d'une longue série. Des célébrations qui ont toujours un sens puisqu'on a toujours quelque chose à dire à leurs sujets.

En résumé, l'Algérie, c'est un pays qui ne change pas avec une population à chaque fois la même et à chaque fois différente.

La preuve : le 151342ème livre à polémique vient de sortir, on nous annonce pour la 2153ème fois l'extradition prochaine de Moumène Khalifa et l'Algérie va adhérer à l'OMC incessamment depuis une quinzaine d'années. Un énième scandale secoue les hautes sphères, le métro d'Alger va être terminé à la fin de l'année - depuis vingt ans - et le champ médiatique sera ouvert inéluctablement sauf qu'on ne nous a pas dit quand.

Apparemment, le marasme a de beaux jours devant lui. Pas de mieux en vue donc, sauf s'il s'agit de trouver les moyens technologiques de museler l'opinion publique. Quand il suffisait de surveiller des éditions papier des journaux nationaux que l'on contrôlait grâce à un monopole paradoxal des imprimeries, aucun problème. Maintenant qu'il faut surveiller les cyber-opinions d'Algériens non-identifiés, c'est autre chose. Mais impossible n'est pas algérien et la machine à faire taire est en marche.

Pourquoi au juste ? Tout le monde sait que nos dirigeants sont pourris jusqu'à la moelle, qu'il n'y a rien à en tirer ni aujourd'hui ni demain, que tout est louche et pas honnête et que rien ne se passe normalement. Sauf que c'est devenu normal. Empêcher les gens de le dire ne rendra pas les faits moins vrais et cacher le soleil avec un tamis n'a jamais effrayé le soleil mais finira sûrement par brûler les doigts de celui qui tient le tamis.

Cela dit, nous ne sommes pas les seuls chez qui l'histoire se répète inlassablement comme un disque rayé. Une fois n'est pas coutume, nos voisins du nord vêtus de probité candide et d'une armure blanche veulent interdire le niqab pour sauver la dignité de la femme. Il était temps de penser à la dignité de la femme dans un pays où l'inégalité des salaires est une valeur nationale… Dieu sait si l'idée de se couvrir la tête ne m'est pas particulièrement sympathique mais comme pour tout, il y a l'art et la manière, et dès lors qu'on avance des faux prétextes en guise d'arguments au risque de faire plus de mal que de bien, il ne sert à rien de débattre. Ce que je retiens ici, c'est cette manie de vouloir civiliser les masses ignorantes aux mœurs si étrang(èr)es. Le coup a déjà été tenté et de mémoire, ça s'est très mal terminé.

L'actualité ne prend donc pas une ride, à croire qu'elle est accroc au Botox. Ce qui me fait dire que le changement, si changement il doit y avoir, prendra du temps. Mais un espoir subsiste : l'espérance de vie augmente, nous avons donc de plus en plus de chances de le voir de notre vivant.

Par Nanou

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