Mnanauk et les autres


Ne regardez jamais Mnanauk quand vous êtes mkhaltine car même quand il promet qu'il va être correct genre "el youm man'tayehch!", itayeh quand même…

Ah! Sacré Mnanauk ! Je me rappelle avoir posté sur un forum juste pour défendre ce mec là car on le traitait de "ztolo" et "étrange créature". En fait, j'ai découvert Mnanauk avec Med ali allalou qui passait (comme invité) à la radio chaîne 3 et il parlait de Mnanauk avec beaucoup d’admiration. 

Il ne me choque pas ce Mnanauk moi ! J'avoue que j'ai beaucoup de sympathie pour lui. Quand je passe une mauvaise journée, je me cale devant mon pc, me fait un café bien allongé et je me mets un Mnanauk comme d'aucuns se mettraient du "classique", mais ça reste mitigé. Parfois je me plie de rire (NBD = Nmout Be Dahk) et des fois je ferais pâlir…une madeleine à force de chialer, surtout le jour où il a parlait de son neveu mort en harrag. Poignant ! 

Mnanauk chante bien ? Il chante… 
Mnanauk El Wahrani parle, insulte, blasphème comme un homme avec ses potes ! 

Le blues de Mnanauk, ses coups de gueules, ses larmes, son fils, ses amis, ses éclats de rires, ses anecdotes, son voisin l’hindou, sa chambre, ses dettes, sa connexion coupée faute de fric et surtout sa guitare, de quoi vous scotcher devant le pc pour deux heures. Il parle de kiya, de hogra, de départ, de rêves, de désespoir, de ses ex-madammetes, de sa ville… En arabe algérien, en français ou en anglais, il peut péter les plombs à chaque moment et partir dans un refrain de gros mots. Il sourit, pleure et passe du coq à l’âne… 

Mnanauk, un homme, un algérien bien de chez nous. Il pleure sa ville, son pays… Qu'est ce que c'est dur de voir un ami pleurer… 

Puis il demande pardon à sa ville Wahran comme on s'adresse à une femme, tantôt sa femme, tantôt sa sœur. « bech tessemhli ya wahran ? ». Il veut rentrer au bled avec des larmes en bouteilles comme pour se faire pardonner mais ça ne suffit pas selon lui, alors il en garde dans des fûts (des bramiles comme il dit). 

Mnanauk harrag ? L’émigré ? Réussite ? Échec ? Mnanauk n’a personne à qui parler alors il monologue devant une webcam. 

Il parle à ses amis, il soliloque car il sait, il est convaincu qu’on l’écoute, qu’on le comprend. 

Ses propos sont parfois confus, comme ceux du plus banal algérien qui se sent mal dans sa peau. Un peu comme tout le monde. Il ponctue à coups d’inchallah avec un air pieux puis passe à des combinaisons d’insultes inimaginables entre grossièretés, et blasphème, cette rage de dire ! 

Il parle de nostalgie, catalgine, carellagea sans transition aucune. Il confond tout et en fait une philosophie. Sa philosophie…

Il sait au fond de lui que certains le comprendront. 

Et à chaque fois que je regarde du Mnanauk, je pense à tous ces jeunes qui se cherchent encore. Qui cherchent à parler alors que personne ne les écoute. Qui cherchent à se donner une raison d’être, d’exister et qui en fin de compte se jettent à la mer…

Par Kantara


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