Micro Brise le Silence (MBS)


Le groupe algérien MBS, le Micro brise le silence, a choisi le rap pour exprimer sa rébellion. Textes foisonnants, très engagés, écriture ciselée dans la révolte, musique nerveuse... MBS rêve d’une autre Algérie.

" Quand t’as plus rien à dire, tu peux toujours dire j’en ai marre ". Ne jamais se taire. Parler, discuter, rire, pleurer. Exister. Le groupe algérois le Micro brise le silence, MBS, s’est lancé dans la chanson pour dompter le verbe, chevaucher les mots. Avec une ironie cinglante (qui fait toujours mouche), beaucoup de tendresse ou une colère froide, ils décrivent leur pays, leur Algérie. Une Algérie qui n’a su faire une place au soleil à ses enfants. Aux jeunes surtout mais pas seulement. Alors, MBS chante. Et ce n’est pas pour passer le temps. Leurs textes, ciselés dans la révolte, sentent le souffre. Enfants de la capitale, les artistes chantent le quotidien, rarement gai. Alger la Blanche prend des couleurs pas très claires.

Libérer la parole


Les quatre compères de MBS (Redone, Med, Rabah et Yacine) en ont gros sur le coeur. Elevés par l’école fondamentale (système éducatif algérien qui instaure 9 ans d’enseignement obligatoires et une arabisation au galop), ils se retournent contre elle avec une rage salvatrice. Très moqueurs, ils caricaturent le système politique jusqu’à ses derniers retranchements, jusqu’à se vêtir dans le costume verbal des " barbéfélènes ", ces intégristes qui ont sévi pendant un moment dans les rangs de l’ex-parti unique (Front de libération nationale). Ils mordent avec un rare bonheur les traits de leurs " tortionnaires ". Allant jusqu’à parler une vieille langue connue des seuls responsables politiques. Emphatique, creuse, incomprise. Morte.

Se couper l’index


Parce que les jeunes du MBS sont pacifiques, ils ne veulent pas faire la guerre. Et donc ne pas accomplir le service militaire. " Un an de descente, un an de montée, un clash (sic) qui ne sert à rien, je n’irai pas au service militaire, mon père me l’a recommandé. Même s’il faut que je me coupe le doigt qui appuie sur la gâchette, je resterai insoumis ". Boris Vian n’est pas loin. Car la " génération couvre-feu " veut vivre. Elle a soif de vie, et non de mort. Elle se tourne dans tous les sens pour trouver le chemin du bonheur. Sans issue ? Non, le Micro brise le silence ne veut pas laisser le fatalisme et la peur régner. Eviter le silence cotonneux du repli. Agir pour ne pas subir.

L’Algérie du groupe MBS est une Algérie ouverte, humaniste, débarrassée de ses vieux démons violents et rétrogrades. Elle est aussi jeune et rebelle, pleine de vie. Un pays que les fantômes de la haine ont quitté, chassés par la réconciliation. Le verbe acide du MBS cache une tendresse et un amour infinis pour ce pays. Une façon toute algérienne de dire " je t’aime ". C’est l’amour chanté, scandé, par des Algérois en mal de reconnaissance, de justice. Ils ont eu, heureusement pour nous, la formidable idée d’accoucher de leur révolte sur un disque. Car le silence, plus jamais.

Source : afrik.com

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