L'Après Mondial algérien


Maintenant que la course au Mondial s'est terminée dans un cul-de-sac américain, il est temps de tirer les conclusions de cette grande aventure nationale.

En un an, le peuple algérien s'est réapproprié l'emblème national utilisé depuis de trop longues années à des fins politiciennes au point qu'il ne signifiait plus rien. Pour la première fois depuis longtemps, il n'a pas été agité en l'honneur d'un dictateur ou de l'un de ses valets ou pour servir une cause comme la réconciliation nationale ou ce genre d'aberration. Les cris et les manifestations de joie n'ont pas été le fait d'une commande express de la présidence et les défilés dans nos rues n'ont pas été une mascarade orchestrée par une machine de propagande. Leurs auteurs n'ont pas été des "Algériens mon amour" déconnectés de la réalité ou des faux joyeux peu scrupuleux voulant profiter d'un système qui n'arrête pas de profiter d'eux.

Cette fièvre était-elle dans le fond rationnelle ? Je ne crois pas. Mais elle était spontanée et c'est ce qui la rend belle.

Je déplore en revanche de voir tout cela repris par l'ENTV, l'entreprise à fabriquer de la médiocrité, ainsi que par les politiques, ces entrepreneurs médiocres. Personne ne sera dupe, sans doute, mais c'est l'intention qui compte.

Ces derniers mois ont été l'occasion pour les Algériens de renouer avec un sentiment que certains ressentaient peut-être pour la première fois et qui, balayant par instant le défaitisme qui est pourtant une maladie génétiquement transmissible chez nous, nous a donné envie de croire. Et oui, c'est bien d'espoir dont je parle. Même si à la fin de certains matchs perdus sans panache le fatalisme est revenu au galop, en règle générale et contrairement à ses habitudes, l'Algérien avait envie d'être le meilleur. Un vrai petit miracle.

Reste à savoir si toutes ces nouvelles sensations marqueront d'une façon ou d'une autre quelques uns d'entre nous pour que les vexations venues d'en-haut ne rencontrent pas immanquablement un mur d'indifférence...

A part ça, la Coupe du Monde continue et même sans nous en première ligne, ça vaut le coup de la suivre. C'est tout de même le seul terrain où des petites nations peuvent humilier les grandes. Et où on peut voir certains pays assumer par le biais de leur équipe le poids de leur histoire. La France en était un exemple, et si de black blanc beur elle est passée à black blanc, désormais c'est le black-out. Alors, out aussi les blacks ?

Finalement, à part l'étalage indécent de très grosses sommes d'argent, les défaites amères, les victoires sans gloire, les scandales grotesques, les erreurs d'arbitrage, les coups bas médiatiques et les Égyptiens, le football, c'est quand même un beau sport.

Par Nanou

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