L'affaire Kasdi Merbah : L'Opération "Virus"


Après l’affaire Boudiaf, l’affaire Matoub et l’affaire des généraux, nous allons au cours de l’affaire qui nous préoccupe, entraîner l’opinion au cœur du système et de ses réseaux d’influences, qui depuis l’indépendance ont entrepris de mettre le pays en coupe réglée, une conclusion s’impose.

Pendant vingt ans, des dispositifs éprouvés sont mis en place, des infrastructures soigneusement testées sont implantées. Actuellement ces réseaux d’influences, partagent la rente pétrolière et les richesses du pays, alors que quatre-vingt-quinze pour-cent de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.

Les assassinats politiques, la richesse très apparente des commandeurs et les affaires de corruption étouffées sur ordre et jamais élucidées, sont la preuve qu’il existe dans notre pays, une Algérie parallèle, avec ses structures, son appareil logistique, ses énormes moyens financiers et ses troupes de chocs, une armée du crime convertible à tout instant en armée de guerre civile si «l’ordre social » venait à être menacé.

La nomination de Bouteflika à la tête de l’Etat, ne changera rien. 


Les assassins du président Boudiaf, de Kasdi Merbah, de Matoub et du peuple algérien se sont vu décernés récemment, le grand titre de  «sauveurs de la démocratie», et ont reçu un sauf-conduit pour continuer de tuer. Quelques jours plus tard, un homme de compromis et de dialogue est abattu dans le cabinet d’un dentiste dans le quartier de Bab-el-Oued. Abdelkader Hachani a osé dire une fois de trop «non» au général TOUFIK. Ce crime odieux qui ressemble à tant d’autres, est un message sanglant aux hommes libres, qui ont fait de la paix juste, une raison de vivre et de la résistance aux  généraux, un devoir national.

L'escadron de la mort


Avant d’en venir à l’affaire proprement dite, il faut avant toute chose mettre un peu de lumière sur l’engin de la mort le plus atroce et le plus impitoyable que l’Algérie ait connu durant toute son histoire : l’escadron de la mort.
Cette appellation d’escadron de la mort est apparue dès que des crimes politiques ont commencé tôt l’année 92 ; des crimes qui ont semé par leurs natures et leurs motifs, le doute dans les esprits. Personne à cette époque n’aurait pu imaginer un seul instant (que se soit en Algérie ou à l’étranger) que le gouvernement algérien allait avoir recours à la liquidation physique, ce moyen lâche et irresponsable pour régler ses différends avec les opposants de tous bords.
 Le nom de code de cette unité militaire spéciale est l’unité 192, le 1 pour le mois de janvier et 92 pour l’année du coup d’Etat.

Cette unité spéciale est sans nulle doute la plus secrète de toute l’armée algérienne. Officiellement, elle n’existe même pas et administrativement, elle est couverte par le secret défense. Tous les ordres sont donnés verbalement et les comptes rendus se font de la même sorte. Il est formellement interdit d’écrire quoi que ce soit touchant de près ou de loin à cette unité et à ses éléments.

Créée sur demande du général Larbi Belkheir par les généraux Mohamed Lamine Mediene et Smain Lamari et placée sous leurs autorités, elle regroupe des éléments triés sur le volet par cooptation dans les différents corps sécuritaires du pays.  Pour des missions pointues, Smain Lamari associe même des mercenaires professionnels à l’équipe 192 ; le but est la perfection des performances opérationnelles du groupe sur le terrain. Les mercenaires sont recrutés par Smain Lamari en personne, leur mission est: enseigner à l’équipe 192 comment tuer vite et bien, stage pratique sur le terrain garanti *.

Une des premières missions de cette unité est la liquidation d’un nombre impressionnant d’officiers de l’armée, hostiles à l’arrêt du processus électoral.
Larbi Belkheir, très contrarié par la désertion des huit soldats des forces spéciales de Beni- messous, veut à tout prix éviter que ça ne se reproduise ; mieux vaut les liquider que de les voir passer de l’autre côté. Ce n’est pas l’unité de l’ANP, ni le devenir de l’Algérie qui est en jeu mais l’autorité des parrains qui ne peuvent pas se résoudre à quitter le pouvoir.

Beaucoup se sont demandés comment cela se fait-il que Belkhier ait accepté le poste de ministre de l’intérieur alors qu’il était chef de cabinet du président ? En fait, il voulait personnellement mettre sur rails la grande machine de répression tout en réorganisant le champ politique pour faire marcher au pas toute la société algérienne ; rien ne devait perturber ses plans ; son but était et reste claire : vendre l’Algérie morceau par morceau.
On peut dire avec le recul que l’unité 192 est sa plus «belle» réalisation ! Belkheir a vu loin ! Mais il a surtout su rester, toutes ces dernières années, derrière le rideau, loin des regards, tel un marionnettiste !

L’unité en question est le bras séculier du régime et l’ultime remède aux récalcitrants. Elle a à son actif des centaines de victimes et d’exécutions (souvent parmi les disparus ). Et notamment l’organisation des massacres de prisonniers à Serkadji et Berouaguia.
Les éléments de cette unité « d'élite » reçoivent des faveurs innombrables : salaires très importants, promotions spéciales, logements, voitures, armements dernier cri, drogue… . Ils sont même libres de prendre ce qu’ils veulent lors des opérations d’arrestations dans les domiciles privés : argent, bijoux, voitures et même des femmes.

Plus encore, leur autorité dépasse de loin celle d’un bon nombre d’officiers supérieurs responsables au sein de l’ANP. A titre d’exemple, un simple adjudant-chef (en 1990), prénommé Hocine est aujourd’hui commandant.
Parmi les éléments de l'unité 192, identifiés sous l’autorité du colonel Bachir Tartague alias colonel Athmane, on cite :  le commandant Abdelkader, le commandant M. Nacer (surnommé l’effaceur), le commandant Riadh, le capitaine B.Louanes, le capitaine Mohamed… et comme pour afficher une certaine notoriété dans le domaine de l’horreur, quelques éléments adoptent ou se font attribuer par les chefs des pseudonymes qui reflètent bien leurs rôles comme celui « El-Djen » ( en français : le mauvais génie), «Klachinkove »,  «Rambo » ou encore «le nettoyeur », cela leur permet aussi de cacher leurs identités lors des opérations spéciales.

C’est bien grâce à cette unité que le cours du conflit a changé. Fort de la «foi éradicatrice », la machine de la l’horreur a réussi à supplanter tous les prédicateurs de la scène algérienne en introduisant une nouvelle tactique : celle de la surenchère de la violence dès le début de l’année 1994 ; le seul produit qu’elle génère c’est la mort. Une des mystifications opérées par cette unité, est l’infiltration des maquis du GIA dans la région de Ain Defla et Médéa, le déclenchement de la guerre entre les maquis et la décapitation de la direction clandestine du FIS avec l’assassinat de Mohamed Said et Abderezak Radjem en 1995.



« L’homme le mieux informé en Algérie »
c’est ainsi qu’on le nommait  et il l’était assurément.


Après la liquidation de Boudiaf, Kasdi Merbah est convaincu qu’il est sur la liste des personnes à abattre. Et pour cause, Larbi Belkheir en personne a chargé Smain Lamari quelques mois après le meurtre du président de parler à Si.Merbah pour le convaincre de rester loin de la politique, en échange d’un poste à l’étranger à sa convenance. Une retraite convenable comme dit Smain en essayant de convaincre son ancien maître.

Kasdi Merbah est surpris par la liquidation de son ami Si.Mohamed. Avec cette disparition c’est tout un projet de société qui s’effondre tel un château de cartes.

Il devient très amer après la liquidation des éléments qu’il a personnellement recommandé au président Boudiaf afin de l’aider dans sa campagne de purification du champ politique. Il est aussi très touché lorsque l‘avocat (A. Habib, un militant du MAJD) qu’il a lui-même chargé de défendre les dix-huit sous-officiers mis en examens dans le meurtre de Boudiaf par le juge A.Sayeh, est tabassé et menacé de mort s’il ne se retire pas de l'affaire.

Le message est l’on ne peut plus clair, Larbi Belkheir ne veut pas d’un second maître à bord en Algérie. Rien, ni Personne ne doit perturber les plans qu’il a élaboré avec Toufik et Smain.

Le conflit entre Kasdi Merbah et Larbi Belkhier est de longue date. Lorsque ce dernier était directeur de l’école nationale d’ingénieurs et techniciens d’Algérie (ENITA), il est signalé à la centrale (la DCSM) pour malversation par le chef du bureau de sécurité de l’école. Belkheir avait fait plusieurs prélèvements importants sur le budget de l’école pour construire des villas grand luxe dans la région de Ain-Taya. Une équipe d’officiers des services des finances dépêchée par Merbah a facilement établi les faits et prouvé le crime. Son dossier est ensuite transféré à la justice militaire avec la mention personnelle de Kasdi Merbah : A radier des effectifs de l’ANP.

C’est encore l’unité entre anciens compagnons de l’armée française qui a sauvé Larbi Belkheir. Chadli a donné l’ordre d’arrêter la procédure et l’a nommé à la présidence.

A la Présidence de la République, les deux hommes se croisent régulièrement, Merbah connaît très bien cet homme qui n’inspire pas le respect et le considère comme une erreur du système. Larbi Belkheir fait les petites courbettes, il se fait tout petit pour éviter Merbah, mais d’un autre côté, il essaye de tout faire pour l’écarter de la sphère du gouvernement. C’est étape par étape qu’il procède, d’abord en l’éliminant du comité centrale du FLN, du ministère de la défense et du gouvernement ensuite.

Dépassé par les événements du 05 octobre 88, Chadli se retrouve dans l’embarras et ne sait comment s’en sortir. Connaissant la réputation d'intégrité dont jouissait Kasdi Merbah parmi la population algérienne, Larbi Belkheir réussit à convaincre Chadli de nommer Merbah à la tête du gouvernement pour la circonstance, le 05 novembre 88, l'urgence étant de calmer la population.

La nomination de Merbah a ramené un peu d’espoir au peuple qui voit en lui l’homme qui va peut-être sauver l'économie du pays touchée par la crise mondiale de 1986, dont le peuple ne veut plus entendre parler.

Pendant son mandat de chef de gouvernement, Merbah veut appliquer des réformes très strictes. Il réussit à convaincre Chadli de la nécessité d’un changement radical dans la façon de gouverner.
Chadli est aux abois, il n’a guère le choix et c’est ainsi que Merbah a réussi à faire modifier la constitution ouvrant ainsi la voie au multipartisme, retirer l’armée de la politique pour la première fois depuis l’indépendance, annuler la cour de sûreté de l'Etat….

L’animosité entre Larbi Belkheir et Kasdi Merbah atteint son paroxysme pendant l’été 89 et leur divergence arrive au point de non-retour.  Merbah veut s’attaquer aux « rats du Système » (sa façon à lui d’appeler les voleurs) pour assainir l’économie nationale et Belkheir est l’un des principaux visés. Les altercations entre eux sont devenues chose courante et il arrive même à Belkheir de refuser à Merbah une entrevue avec Chadli pour régler les affaires de l’Etat. Merbah ne se laisse pas faire et rappelle à l’ordre Belkheir qui est allé bien des fois se plaindre à la femme du président Chadli. Le chef du cabinet du président joue sur toutes les cordes et n’hésite pas à utiliser « Halima Bendjedid » si besoin est pour l’aider à convaincre Chadli ; en échange Belkheir est au petits soins. A la fin du mois d’août 1989, Belkheir décide d’en finir avec le chef du gouvernement et c’est Halima Bendjedid qui l’aide à le faire en mettant en garde Chadli contre les « agissements prétentieux » de Merbah. Belkhier fait de même à la présidence, rapports des services de sécurité à l’appui. Les dits documents soulignent même les acclamations des supporters dans les stades «  Merbah président ».

Accompagné de Mohamed Mediene, Belkheir se rend le 09 septembre 1989 au soir à la résidence présidentiel de Chadli Bendjedid à Zéralda pour l’informer de l’imminence d’un coup d’Etat préparé par Kasdi Merbah, aidé par certains généraux de l’armée. Affolé comme à son habitude dans les moments difficiles, Chadli donne les pleins pouvoirs à Larbi Belkheir pour parer à cette menace. Le soir même et sans perdre de temps, l’armée est mise en alerte « une » et Hamrouche est informé par Belkheir qui  le remercie pour son «dévouement».

Le 10 septembre 1989, Kasdi Merbah est empêché de rentrer dans son bureau au siège du gouvernement. Très contrarié, il se rend à la présidence pour discuter de l’illégalité du geste de Chadli qui refuse de le recevoir. Et c’est Belkheir qui l’invite à faire valoir ses droits à la retraite avec un grand sourire au visage.

Larbi Belkhier a fait d’une pierre, une multitude de coups : finir la carrière politique de Merbah, éloigner le secrétaire de la présidence, Hamrouche qu’il soupçonne de trahison (connivence avec Merbah), mais il a surtout réussi à faire signer à Chadli une ordonnance présidentielle mettant fin à la fonction de dizaines d’officiers supérieurs du courant nationaliste. Quelque temps après, Le MDN  subit une avalanche de décisions émanant des services de la présidence visant des changements dans les rangs de l’armée, Nezar est en poste pour les faire appliquer.

C’est le président Boudiaf qui met encore une fois, le destin des deux hommes sur le même chemin. Larbi Belkheir, ministre de l’intérieur nomme le général Hassan Beldjalti alias Abderezak au poste de responsable des affaires de sécurité à la présidence ; celui-ci l’informe des contacts entre Boudiaf et Merbah. Cette relation est très surveillée jusqu'à  l’élimination de Boudiaf. Belkheir ne veut plus entendre parler de Merbah contre lequel il est très en colère depuis qu’il a en mains le rapport de trois cents pages traitant de la corruption qu’il a lui-même récupéré dans le bureau du Président Boudiaf le jour de son assassinat. Dans ce rapport, une bonne partie est réservée à la mafia "politico-financiére" et ses ramifications internationales : à sa tête, un homme : Larbi Belkheir.

A la fin de l’année 1992 les événements prennent une telle tournure, que tous les observateurs  de la scène algérienne, voient les prémices d’une tragédie aux conséquences dramatiques.
Pour les sages de la politique algérienne, sortir de l’impasse est devenu un besoin vital pour le futur même de l’Algérie. La culture de la violence ne peut qu’engendrer le chaos. Il n’y a qu’une seule porte de sortie et elle est politique.

A la mi-décembre 1992, un homme se présente dans les bureaux du parti MAJD à Bouzaréah sur les hauteurs d’Alger, il demande à voir M. Kasdi Merbah. La personne qui se trouve à la réception lui demande de prendre un rendez-vous, mais l’homme en question, sur un ton grave, insiste et assure au réceptionniste que c’est à la fois très urgent et très important. Il sort un document avec le cachet humide du FIS : « un ordre de mission signé par A. Radjem ». Il est invité à attendre dans le salon.

Quelques instants plus tard, Kasdi reçoit l’émissaire du maquis après les formalités de sécurité d’usage. Ce dernier l’informe des raisons de sa visite, mais Kasdi Merbah, en homme méfiant par nature, demande à son interlocuteur de lui arranger une rencontre avec les responsables du parti.
Une semaine plus tard, une rencontre est organisée dans un appartement non loin d’Alger. Très peu de gens sont mis dans la confidence, juste des intimes et des fidèles chargés par Merbah du bon déroulement du rendez-vous.

Pendant cette réunion, les responsables du FIS assurent d’emblée Kasdi de leur volonté de vouloir trouver rapidement une solution à la crise. Ils soulignent que la violence n’est qu’une réponse à une répression féroce et que le pourrissement de la situation peut être exploité par les radicaux des deux camps. Mohamed Said met en garde Kasdi contre les conséquences du prolongement des hostilités car le peuple serait l’unique perdant. Kasdi Merbah tient à remercier les deux responsables du FIS pour la confiance qu’ils lui témoignent et après une longue discussion, il promet de faire tout ce qui est possible pour un règlement politique de la crise et ramener les militaires à la raison. En fin de rencontre, les responsables du FIS (pour des raisons de sécurité ) indiquent à Kasdi Merbah, une personnalité habilitée, proche du parti, établie en Suisse avec laquelle il pourra traiter en toute confiance mais surtout en toute sécurité.

Sans plus tarder, Kasdi Merbah appelle, le lendemain, le secrétariat du ministre de la défense pour demander un rendez-vous avec Khaled Nezar. Ce dernier ne porte pas l’ancien patron des services dans son cœur et pour cause, l’ex-directeur de la SM devenu secrétaire général du MDN à l’époque de Chadli, l’avait proposé à la retraite anticipée avec d’autres officiers.
Cette mesure rentrait dans le cadre de la restructuration de l’ANP et beaucoup d’anciens officiers de l’armée française étaient sur la Sellette. En fait, Kasdi Merbah avait une liste de prés de quatre cents officiers tous issus de l’armée française ; il voulait les radier des effectifs car pour lui, l’armée algérienne avait formé ses nouveaux officiers et pouvait à cette époque se passer des anciens de l’armée française. Cela était sans compter avec les alliances qui s’étaient formées entre les anciens de l’A.F. Ils se sont rassemblés au tour de Larbi Belkheir et de Chadli Bendjedid qui a limogé son secrétaire du MDN. A partir de ce moment les anciens de l’AF ont tout fait pour prendre les commande de l’ANP et à notre grand regret, ils ont réussi.

Khaled Nezar est très rancunier et pour marquer son autorité, il fixe un rendez-vous à sa convenance sans prendre en considération le caractère urgent formulé par Merbah. Il va sans dire que Khaled Nezar fait part de cette demande à Larbi Belkheir et à Toufik.
Le jour de la rencontre, au bureau du ministre de la défense, Khaled Nezar est seul dans son bureau et c’est le chef du protocole de ce dernier qui introduit Kasdi Merbah. L’ancien directeur de la SM ne perd pas de temps,  après un bref exposé sur sa vision des choses, il rentre dans le vif du sujet en révélant à Nezar l’objet de sa visite et lui propose un plan de règlement de la crise en cinq points :


  • La levée de l’Etat d’urgence. 
  • La nomination d’un gouvernement d’union nationale. 
  • La fermeture des camps de concentration et la libération des  prisonniers. 
  • La réhabilitation du FIS. 
  • L’organisation d’élections dans un délai raisonnable.


Khaled Nezar plus que surpris, perplexe même, n’arrive pas à comprendre comment est ce que Kasdi Merbah a eu cette audace : Venir lui parler dans son bureau de la manière avec laquelle il doit diriger les affaires du pays. Khaled Nezar est visiblement retourné par cette entrevue et tout en restant à la limite de la courtoisie, il ne veut pas s’engager mais il promet d’étudier la question avec l’ensemble de l’Etat-major. En accompagnant Kasdi Merbah à la porte de sortie du bureau, il lui recommande vivement de garder secret ses contacts avec la partie adverse. Khaled Nezar appelle, de suite, Larbi Belkheir pour lui faire part des contacts de Merbah avec la direction clandestine du FIS. Avec une voix grave, Larbi Belkheir lui demande de trouver une solution et vite. Pour Larbi Belkheir le commandement n’a pas droit à l’erreur en ces moments critiques.

Dès le lendemain, le 3 janvier 1993 un conclave réunit les généraux Mohamed Mediene, Mohamed Touati, Mohamed Lamari, Abdelmalek Guenaizia et Smain Lamari dans une résidence d’Etat au club des pins. C’est sur un ton ironique que Nezar  informe les généraux des propositions faites par Kasdi Merbah. Il ne peut s’empêcher d’insulter l’homme qui selon lui entretient des relations douteuses avec des gens hors la loi et recherchés par tous les services de sécurité. Il s’adresse au général Toufik pendant la discussion pour lui dire «il faut surveiller ce bonhomme de très près, il ne faut pas le lâcher » ! Et comme pour calmer Khaled Nezar, le général Touati prend la parole pour dire :  « Négocier avec les islamistes maintenant, ne servira à rien, de toute façon, ils vont au contraire prendre cela comme une reculade et cela va les renforcer comme au mois de juin 1991. Toute pause dans notre stratégie avant la désarticulation totale de l’appareil du FIS ne peut que remettre en cause notre autorité. Pour le moment ce parti n’est pas encore assez faible pour qu’on puisse lui imposer nos conditions ». Et Touati finit par mettre l’accent sur la nécessité d’intensifier la répression pour parer à toute rébellion possible.

Juste après lui, le général Toufik se lance dans une violente diatribe contre Kasdi Merbah, l’accusant même de complicité avec les islamistes ; il le soupçonne même d’être le maître d’œuvre des fuites concernant des informations classées sur les centres de torture et de détention secrets, publiées dans « Minbar Eljoumouaa », un bulletin clandestin du FIS. Pour lui Kasdi Merbah fait tout ce qui est possible pour servir sa propre ambition «le retour au pouvoir ». Toufik ne manque pas de rappeler au généraux présents que Kasdi Merbah est un danger permanent pour l’institution militaire, surtout depuis qu’il s’est mêlé des affaires de l’Etat avec le président Boudiaf.

Smain Lamari saute sur l’occasion pour faire remarquer que Kasdi entretient des contacts très étroits avec des officiers supérieurs en service qu’il voit très régulièrement. Il se demande si Kasdi Merbah ne prépare pas un coup de force visant à déstabiliser le commandement de l’ANP.  Et afin de souligner le caractère dangereux de l’ex-directeur de la SM, il rappelle aussi le rôle joué par Kasdi Merbah pendant son passage à la tête du gouvernement, sa contribution à l’opération main propre déclenchée par Boudiaf et ses rapports avec des personnalités civiles influentes tout en mettant l’accent sur l’importance des dossiers qu’il détient et des doubles des rapports présentés à Boudiaf.

Le général Mohamed Lamari, ( fonceur comme d’habitude ) n’hésite nullement avant de lancer : « Pas de dialogue, ni de réconciliation, il faut aller jusqu’au bout de notre stratégie et faire le nécessaire pour empêcher Kasdi Merbah de profiter de cette occasion et de rebondir sur la scène politique ».
Dans cette réunion Kasdi Merbah n’a que des ennemis prêts à en découdre.

A l’issue de cette rencontre, une décision est prise à l’unanimité. Les généraux chargent Smain Lamari de surveiller de très près tous les faits et gestes de Kasdi Merbah, identifier ses disciples au sein des rangs de l’ANP, identifier ses contacts terroristes, essayer de localiser les dirigeants du FIS et enfin trouver coûte que coûte les doubles des dossiers qu’il a illégalement fait sortir de l’archive de la SM.

Quelques semaines plus tard, un Billet de Renseignement Quotidien (BRQ) émanant des services opérationnels de la DRS et traitant d’une information capitale, arrive avec la mention Très Secret/ Très Urgent sur le bureau de Toufik :
« Kasdi Merbah a rencontré plusieurs généraux dont le général Saidi Fodhil et le général Touahri Mohamed à l’occasion du mariage…, pendant cette rencontre les officiers supérieurs présents se sont livrés à une critique en règle contre la politique de l’Etat-major dans la gestion de la crise ».
Crime de lèse-majesté pense-t-on en haut lieu.

Très vite le général Toufik (après une brève conversation téléphonique avec Khaled Nezar) sort de son bureau pour se rendre à celui du ministre de la défense ; lorsqu’il arrive, le ministre l’attend en présence du général Mohamed Touati. Une fois le général Nezar mis au courant du contenu du BRQ par le directeur de la DRS, il devient plus que furieux ; pour lui Kasdi Merbah vient de rompre le cordon qui le lie à l’institution militaire, donc au système. A partir de ce moment là, Kasdi Merbah devient l’homme à abattre. Après avoir contacté Larbi Belkheir par téléphone, la décision est prise presque instinctivement et est fortement approuvée par Mohamed Touati. Nezar spécifie clairement au directeur de la DRS «Si. Toufik, faites le nécessaire ! »

Il est à noter que pendant cette période, la maladie de Nezar est à un stade très avancé, ne pouvant plus assurer ses fonctions de ministre, il prépare son départ et la lutte pour sa succession a déjà commencé. Pour lui cette rencontre de hauts fonctionnaires de l’armée n’a qu’un objectif : la reprise des commandes de l’ANP par le courant Merbah.

Le général Toufik ne perd pas de temps et c’est avec l’aide de Si. El hadj comme il l’appelle (Smain Lamari) qu’il s’attelle à trouver le moyen le plus rapide de «faire le nécessaire ».
Le plus gros problème qui se pose aux futurs commanditaires du meurtre, est la reprise des dossiers très compromettants que détient Kasdi Merbah. Les fameux dossiers en question sont des copies de rapports de sécurité touchant la plupart des nouveaux riches de l'armée : des numéros de comptes bancaires à l’étranger, un listing avec les noms et les références des dossiers compromettants sur des disquettes informatiques au cas où les preuves viendraient à disparaître du centre des archives de la DRS (le Centre El Haouass situé à Beni-Messous), mais aussi un gros dossier traitant des agissements des anciens de l’armée française au sein de l’ANP.

Toufik et Smain veulent absolument infiltrer Merbah car ils savent que les écoutes téléphoniques n’apporteront rien d’important vu que Merbah est un homme très professionnel. Ils réussissent à recruter un élément au sein même du parti. La taupe infiltrée est identifiée par le code « XZ ».
Cet agent est maintenu par un officier traitant et les contacts entre les deux hommes sont quasi-quotidiens. C’est ainsi qu’il fait parvenir une information de taille à l’officier traitant et qui va avoir des conséquences dramatiques sur la suite des événements.

Selon l’agent en question « XZ », Kasdi Merbah a discrètement confié des dossiers à un militant du MAJD ; ces dossiers n’ont rien à voir avec le courrier ordinaire du parti. Le militant doit les délivrer quelque part puisqu’il a quitté le bureau de Merbah à la hâte.

Une petite enquête des services opérationnels de la DRS, démontre que la personne en question est un ancien agent de la SM, un fidèle de Merbah qui travaille en même temps pour le journal Algérie actualité.

C’est la filature et la surveillance du militant qui permet d’aboutir à l’identification d’une personnalité, proche des sphères du pouvoir, en l’occurrence : M’hamed Boukhobza, un sociologue qui a soutenu l’arrêt du processus électoral le 12 janvier 1992, avant de se rétracter et de prendre ses distances après la mort du président BOUDIAF en juin 1992.
Entre temps, le militant du MAJD est comme par hasard torturé et liquidé par le « GIA ».

Le puzzle prend forme, Boukhobza est membre du Conseil national consultatif et directeur de l’institut national des études stratégiques globales ( INESG ) de Kouba. Ce centre qui dépend de la présidence est chargé de faire une étude d’évaluation future de l’Algérie «  la commission 2005 ».
Déjà mise sur pied par le professeur Djilali Liabes, cette commission met le doigt sur le mal algérien, dans tous les domaines : la santé, l’agriculture, l’éducation, les finances, l’endettement, la société et  la corruption. Concernant ce dernier point, Djilali Liabes en fait un point d’honneur que de spécifier l’origine de ce phénomène de société dans le détail. D’après lui l’enrichissement voyant et très rapide des cadres de l’Etat, spécialement ceux de l ‘ANP a des conséquences très graves, à la fois sur l’économie du pays et sur l’honneur de l’institution militaire qui incarne l’autorité de l’Etat.

C’est le général Hassan Beldjalti alias Abderrezak en personne ( l’homme d’ombre de Larbi Belkheir à la présidence à ce jour ) qui essaye de dissuader le professeur Djilali Liabes de parler de ce sujet ; pour lui la situation du pays ne s’y prête pas encore. Et c’est au tour de Smain Lamari de demander au professeur Djilali Liabes de retirer le passage de la corruption pour raison d’Etat, chose qu’il refuse fortement en évoquant que l’institut dépend de la présidence de la république et non du ministère de la défense. Le professeur fait part des difficultés qu’il rencontre à son ami M’hamed Boukhobza. Djilali Liabes est professionnellement
liquidé par un commando du « GIA » le 16 mars 1993.

Lorsque Boukhobza apparaît sur la scène Merbah, les généraux Smain et Toufik font tout de suite le rapprochement ; pour eux le complot est évident et c’est Kasdi Merbah qui tire les ficelles. Ce qui aggrave la situation, c’est que M’hamed Boukhobza est aussi têtu que son ami Djilali Liabes, pire encore il est animé par le courage acquis par bon nombre de personnalités politiques après l’assassinat du président Boudiaf et il va loin en recommandant la constitution d’une commission nationale d’enquête afin de juger les responsables de la dette algérienne et récupérer l’argent et les biens spoliés. Il fait cependant l’erreur de déclarer que les preuves sont disponibles.
Boukhobza est sous surveillance (sans le savoir), les responsables de la DRS savent déjà qu’il s’apprête à quitter l’Algérie, ils décident alors d’agir vite.

Au début du mois de juin, Kasdi Merbah est convié au ministère de la défense nationale. Lors de son entretien avec Khaled Nezar, celui-ci l’informe que Liamine Zeroual va lui succéder et qu’il pourra voir avec lui le sujet des propositions du FIS, en précisant que la majorité est contre un tel projet.
Khaled Nezar interpelle une dernière fois son hôte sur ses intentions en lui demandant s’il compte rester dans l’opposition stérile, alors qu’il a tout à gagner en réintégrant le système pour revenir éventuellement plus tard au devant de la scène avec des responsabilités plus importantes.

Kasdi Merbah répond tout de suite que le système a fait son temps et que si l’Etat-major refuse la main tendue, l’Algérie ira droit au mur. La majorité des Algériens, ne croit plus au rafistolage politique. La discussion est concise et l’atmosphère lourde. Nezar termine d’une façon très allusive, en évoquant le mécontentement de certains hommes très influents qui n’accepteront pas longtemps l’épée de Damoclès sur la tête.

Kasdi parle de la corruption qui gangrène l’Algérie et pour répondre à son interlocuteur, il évoque d'abord l’affaire du doublement du gazoduc vers l’Italie et les vrais destinataires des 22 millions de dollars que le prête-nom et intermédiaire Omar Yahia a empoché officiellement, et cite ensuite la disparition d'un milliard de dollars lors d'un marché fictif conclu pour l'Algérie par Abdelaziz Khellaf et un pseudo homme d'affaire espagnol (voilà une façon bien à Kasdi de faire passer un message au grand parrain Larbi Belkheir).

Avant de prendre congé, Kasdi Merbah dit qu’il ne désespère pas de voir les généraux entendre raison au nom de l’intérêt suprême de l’Algérie.

Le 22 juin  1993, M’hamed Boukhobza est sauvagement assassiné dans son appartement par un commando de 5 hommes.  Après avoir subit un interrogatoire en bonne et due forme, associé à des tortures abominables, il est fini (terminologie opérationnelle de l’équipe 192) à l’arme blanche. Son bureau et son domicile sont passés au peigne fin ; les tueurs cherchent vraisemblablement les dossiers. Le chef du commando, Athmane Tartague ressort du domicile de la victime avec un document à la main qui confirme bien le projet de collaboration entre Kasdi Merbah et M’hamed Boukhobza sur le dossier de la corruption dans l’armée algérienne, mais pas de traces des dossiers en question et des preuves évoquées par Boukhobza.

Le jour même de sa liquidation, le directeur de l’INESG doit présider dans l’après-midi la dernière réunion de la commission « Algérie 2005 » à l’issue de laquelle le rapport final doit être officiellement présenté au haut comité de l’Etat (HCE). Les assassins ont pensé que pour l’occasion, M’hamed Boukhobza aurait les documents nécessaires pour étayer le rapport. Le jour même, après le communiqué officiel des services de sécurité annonçant l’assassinat, toute la presse est unanime pour la condamnation du terrorisme islamiste. Rares sont ceux qui se posent des questions : comment se fait-il que l’INESG  perd deux directeurs en l’espace de quatre mois ?

Entre temps (au début du mois de juin), Kasdi échappe à un attentat, personne ne sait si les commanditaires ont voulu lui envoyer un message ou que c’est vraiment un échec de la tentative?
Malgré la gravité de la situation, Kasdi Merbah ne renonce pas à sa mission. Il  obtient un rendez-vous avec le nouveau ministre ( le général Liamine Zeroual) pour le 12 juillet 1993. Bien que Kasdi Merbah n’est pas reçu en privé, (Mohamed Touati étant présent, car entourer le nouveau ministre pour ne pas le laisser seul avec les indésirables est une recommandation stricte de la part de Khaled Nezar), cela ne l’empêche guère d’exposer son point de vue quant aux moyens de sortir de la crise. Comme Zeroual vient tout juste d’être nommé, il ne peut que faire des promesses qu’il ne tiendra jamais, pire encore, c’est durant sa présence à la tête de l’Etat que les généraux dessineront les pages les plus ensanglantées de toute l’histoire de l’Algérie.

Sur le terrain politique, Kasdi Merbah prend contact avec cheikh Bouslimani, personnalité très influente et très respectée dans la mouvance islamiste, dans la région de Médéa et avec d’autres personnalités politiques en Algérie et à l’étranger, pour essayer de tracer le chemin de la paix. Il appelle même lors d’une conférence de presse internationale le 14 juillet 1993, les militants du FIS à déposer les armes et à l’aider à trouver une solution politique à la crise.
Kasdi Merbah est convaincu que les généraux sont déterminés à aller jusqu’au bout de leur logique criminelle ; il pense pouvoir les contrer en associant le plus de monde à sa démarche. Mais le vrai projet de Kasdi Merbah est le renversement des généraux, surtout ceux issus de l’armée française, par les jeunes officiers de l’armée, lassés de l’affairisme et de la dérive criminelle.

Avec le concours de quelques officiers supérieurs restés fidèles aux principes de la révolution de novembre 54, il planifie un soulèvement des unités de l’armée pour la nuit du 31 octobre au 1 novembre 1993. Le destin en a voulu autrement et le cabinet noir ordonne l’arrestation de plusieurs centaines d’officiers et de sous-officiers, la plupart d’entre eux pour des raisons non valables ou pour l’accusation fallacieuse de sympathie avec l’islamisme. Plusieurs sont sauvagement assassinés ou mis dans les prisons pour servir d’exemple au reste des troupes. Voilà comment les généraux ont essayé de dompter l’institution militaire.

Kasdi Merbah se rend en Suisse le 14 août 1993, il réussit à joindre le contact habilité par la direction clandestine du FIS pour mener à bien la médiation avec les responsables de l’armée. Merbah est suivi par la police suisse. Le commandant Samir, chef du bureau des services de sécurité à l’ambassade d’Algérie ( BSS ), récupère un double des rapports identifiant les contacts de Kasdi grâce aux agents qu’il a recruté. Après avoir essayé de rencontrer des amis à Genève (comme Ait-Ahmed qu'il n'a pas réussi à joindre), Kasdi Merbah décide de rentrer à Alger le vendredi 20 août 1993 au soir.

Le samedi 21 août, un commando d’une quinzaine d’hommes de l’unité 192, lourdement armés prennent position sur la route qui mène à Alger-plage, pas loin du carrefour du café Chergui, dans la localité de Boumèrdes. Une route auparavant fermée à la circulation et le barrage quotidien de la gendarmerie levé ce jour là. Juste quelques voitures appartenant aux services, circulent entre l’école secondaire et le poste de la gendarmerie pour un semblant de trafic afin d’éviter les soupçons d’éventuels éclaireurs de la cible.

Non loin de là, est stationnée, une voiture banalisée dans laquelle se trouve un homme qui est spécialement nerveux : le général Smain Lamari. Il a tenu à assister lui-même à l’opération. Il sait qu’en offrant à ses maîtres, la tête du personnage le plus redouté d’Algérie, il gagnera en estime mais certainement plus en notoriété.

Une voix à peine audible signale l’arrivé du « virus », le non de code donné à Kasdi Merbah. Le général donne, par radio, l’ordre au chef du commando Athmane Tartague de passer à l’action.

L’opération se déroule très vite : deux grenades fumigènes lancées sous la voiture,  neutralisent le chauffeur de Kasdi Merbah et aveuglent les autres passagers. Pris sous une pluie de balles qui arrosent les occupants du véhicule, le chauffeur et Kasdi Merbah ont à peine le temps de tirer quelques balles de leurs «357 Magnum» touchant un des éléments du commando. Mais la violence des coups reçus est si importante qu’il n’ont guère d’options. Tout est tellement bien fait, histoire de ne leur laisser aucune chance. Quelques instants plus tard, le chef du commando s’approche des victimes et tire une rafale à bout portant ; par un geste de la main, il signale la fin de l’opération et ordonne au reste du groupe de se retirer.  Smain est rassuré du bon déroulement de l'opération.
Une fois le commando hors de la zone, une patrouille de gendarmerie intervient pour faire le constat. Les corps de Kasdi Merbah, celui de son fils, de son frère et de son chauffeur et garde du corps gisent dans la voiture. Les armes des victimes sont récupérées par le commandant de gendarmerie. Le rapport d’enquête conclut à un attentat terroriste. Aucune autopsie ni rapport balistique ne sont menés pour étayer cette thèse. Les dépouilles mortelles reçoivent un enterrement digne auquel assistent même des éléments de l’équipe 192.

Quelques jours après, un communiqué du GIA revendique l’assassinat du « taghout » Kasdi Merbah, l’officier la DRS chargé des relations avec la presse algérienne, le commandant Hadj Zoubir, annonce à la presse l’identité du coupable : le fantomatique Abdelkader Hattab, le même qu’on a crédité du vrai-faux enlèvement des trois fonctionnaires du consulat français le 23 octobre de la même année, l’affaire des époux Tévenaux.
Un homme visiblement affecté et portant encore des signes d’une torture physique éprouvante, passe aux aveux à la télévision de l’Etat. Un rituel !

le meurtre vient d’être revendiqué d’une façon subliminale. Les criminels ont envoyé leur message aux initiés qui tentent de rompre d’une manière radicale avec le système.
La violence d’Etat devient légale, elle est motivée en apparence pour garantir l’unité de l’Etat, mais en réalité, c’est la nomenklatura qui frappe très fort chaque fois que ses intérêts sont menacés.

Comble du destin, c’est Larbi Belkheir qui tout en veillant au grain, offre à l’Algérie son nouveau président. Tout en restant loin des regards, il apporte son aide au président Abdelaziz Bouteflika en l’assistant d’un de ses fidèles lieutenants ; le général Hassan Beldjalti alias Abderrezak. La question qui reste posée : Le président Bouteflika saura-t-il faire sans Abderrezak ?

Nul ne sait où va l’Algérie, mais une chose est certaine, tant que les occidentaux fermeront les yeux devant l’évidence de l’implication des plus hauts responsables de l’armée dans la tragédie, en sacrifiant leurs principes sur un baril de pétrole, il y aura fort à parier qu’une déflagration aux conséquences désastreuses pour la région et le bassin méditerranéen, viendra leur rappeler qu’ils ont commis l’irréparable en soutenant un synode de criminels sous prétexte qu’ils sont le dernier rempart devant la déferlante fondamentaliste.

Source : ANP.org

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