Algérie : L'Artiste et le mulet


Aussitôt dit aussitôt fait, je pris tout mon barda philatélique, classeur, album photos et je suis parti à la rencontre de mes bienfaiteurs de la fonction culturelle qui m’attendaient dans ces lieux qui symbolisent l’imagination, l’intelligence et l’intellectualité au tournant d’un couloir des pas perdus et des bureaux somnolant, fief de l’endormissement et des fins cajoleurs réunis pour la circonstance de la carence et de l’inertie dans ce contenant de la culture de l’esprit. 

Voilà que je leur dis, c’est une bonne occasion de vous rencontrer tous ensemble et puisque vous êtes tous réunis ici dans ce bureau agréablement climatisé, je viens solliciter de votre part la gentillesse et la faveur de votre grande et large sérénité le responsable de l’inculture de bien vouloir m’inscrire sur votre liste artistique des artistes postulants à participer à vos prochaines manifestations. 

Ensuite dans la foulée, j’ai voulu leur mettre plein la tête et les yeux avec mes histoires philatéliques. J’ai sorti tout ce que j’avais emmagasiné dans ma cervelle comme histoire du timbre poste dans le monde et spécialement en Algérie avec toutes mes références et mon expérience dans ce hobby, ils étaient là et ils semblaient fatigués à m’écouter débiter des âneries, devaient ils se dire tous, surtout le petit trapu en face de moi (ekssir ou emdehdeh oufertas) avec une mine patibulaire qui ne mériterai pas d’être timbrifié et qui n’inspirait pas le sentier de la culture, et à lire son rictus, il devait se dire dans sa tronche que je devais être un ni... de la tête sûrement et complètement timbré à force de roder régulièrement du côté de la poste à la recherche de ces petites vignettes. Il devait se poser la question et se dire : comment un grand garçon comme lui continu t-il à cet âge avancé à jouer à rassembler des timbres poste pour le plaisir de voir des images alignées sans raison valable dans un album sans plus ? 

Je me suis dis bof, il faut ignorer ces préjugés et essayons de convaincre cette « djemaa » à de meilleurs sentiments et peut être qu’ils ne sont pas aussi mauvais que ça ? Et que se sont de bons partisans des activités culturelles toutes confondues à voir leurs faces d’anges. 

Vous savez, je leur ai dit, quand j’étais petit, je me rappelle que ma mère me disait toujours qu’il faut partager avec les autres (mes frères et sœurs) tout ce que l’on a et qu’il ne faut pas cacher les bonnes choses pour les manger tout seul, autrement « edessa » (plaque dermique) vous paraîtra sur le visage. 
Tout cela pour vous dire et vous éclairer chers messieurs sur la pratique de la philatélie, qui demeure un loisir et une passion éducative au même titre que les autres activités culturelles. 

Ainsi après avoir dis toutes ces choses sur la philatélie, avec à l’appui des photos, des documents et des coupures de journaux, et citer mon blog dédié à la philatélie. 

J’étais à mon tour en face de mes interlocuteurs dans la position d’attente et d’écoute pour être fixer sur ma demande. 

Il faut faire une demande écrite avec tous vos états de services qu’il me dit le zigoto qui jouait le chef du jury auquel j’étais confronté, et attendre la décision de la commission, la seule habilitée à se prononcer à ce sujet. 

Mais messieurs, vous connaissez déjà mon travail et je suis connu localement dans cette activité que j’ai toujours rempli convenablement à travers toutes mes expositions que ce soit à la poste, au centre culturel ou à la bibliothèque de la wilaya et j’ai même participé avec vous à l’échange culturel entre Chlef et Constantine, et j’ai toujours donné pleine satisfaction. 

Vous savez cela fait plus de six sorties que vous organisez et c’est toujours les mêmes personnes qui sont invitées et qui font partie du voyage sans formuler de demande écrite. 

Et vous conviendrez avec moi que ce que vous faites est injuste car comment ce fait-il que vous choisissez trois artistes peintres pour le même voyage et que vous refusez un philatéliste ?

En face de moi, la personne à qui je m’adressais semblait plus intéressée par son téléphone portable qu’au débat que j’avais imposé. 

Alors je me suis dis, peut être qu’il était temps de partir et de continuer à vivre et à aimer ses timbres en cachette comme je l’ai toujours fait depuis quarante ans…

Par Adel

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