Algérie : Fais la queue !


Rouh e'tcouvré ou va faire la queue, c’est du pareil au même, kif-kif. Essayer de régler rapidement ses affaires dans ce bled, c’est comme si etabbaa fi h’mar miyete (on poussait un âne mort). N' importe où l'on s’adresse aujourd’hui, surtout dans les endroits publics, il faut passer par la « chaîne ». Cette maudite queue humaine nous nargue dans presque tous les endroits de prestations de services. Ces queues qui demeurent toujours présentent et interminables sont là pour nous rappeler qu'on n'est pas encore sorti de l’auberge. Ces chaînes, elles sont multidimensionnelles et elles partent en parallèles pour ne pas avancer.

Par ailleurs, faire la chaîne, c’est faire du sport sans le vouloir. C’est devenu tellement courant et obligatoire qu’on n’y prête même pas attention à ce petit métier secondaire. Le « couvrage » fait partie aujourd'hui de notre quotidien de tous les jours. 

Faire la queue, c'est prendre sont mal en patience et attendre calmement son tour au bout d’une file paresseuse pour être servi. 

Généralement la queue administrative nous accueille dès que l'on franchi le seuil de la porte d’entrée. Juste avant d'arriver au guichet immédiat. 

Pour cela, avant de faire la queue, il faut faire un petit tour d’horizon avec les yeux discrètement, faire un balayage, pour choisir la file la plus courte et celle qui avance le mieux. Généralement toutes les queues se ressemblent. 

Et puis il y’a dicton de chez nous qui dit « ila etlakit bel-m’delli ghir welli « (si tu rencontres le pendu, fait demi-tour). 

Aussi, il y a des gens qui ne sont pas très respectueux de cette organisation et préfèrent être plus malins que les autres et préfèrent contourner ce passage obligé pour ce faire régler sans la contrainte de la queue. Ces individus au comportement immoral n'hésitent pas à utiliser tous les subterfuges pour se faire une priorité malhonnête pour se servir avant vous et avec la bénédiction des guichetiers. 

Voir une chaîne d’usagers, dehors, devant un établissement ou à l'intérieur d’un service public est un constat amer et médiocre et un signe d’échec dans l'organisation et le fonctionnement de l'administration. 

Tout cela me rappelle un bouquin du commissaire San Antonio, l'ami de Berurrier. Après avoir fait chou blanc dans son enquête policière, il avait décidé de son propre chef, de partir au Congo pour faire la queue et attendre son tour d'être président de la république. 

Aussi, avant-hier de bon matin, j’avais décidé de faire un retrait d’argent. Je me suis donc présenté comme tous les usagés au guichet de la poste. Je m’attendais à être accueilli par cette charmante chaîne humaine. Finalement, figurez vous que c’était complètement le contraire. Pas de queue ? Wallah c'était bizarre ! Je ne croyais pas mes yeux. Je présente alors mon chèque pour l'encaissement. Retour du chèque à l'envoyeur. Niet qu'il me répond le guichetier ! Ki de goul douro ! Pas de queue ! Donc pas de flous ! Alors terbeh, rouh et'raoueh mon frère.

Par Adel

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