Administration algérienne : Deux anges témoins


De bon matin en ce début de semaine je me suis présenté devant la porte de l'APC de ma localité. Devant le guichet j'attendais mon tour au milieu d'une chaîne qui avançait en parallèle à sa sœur jumelle d'en face et qui n'arrêtait pas de s'étirer à vue d'œil.

Mais finalement après une bonne demi-heure d’attente, je suis enfin face au guichet et derrière il y avait un agent à la mine quelque peu patibulaire et qui n'inspirait pas la bonté et qui me demanda qu'es ce qu'il y a ? A la manière d'un policier ! 

Je lui répondis Salam-Alikoum khouya, voilà mon frère j'ai besoin d'un certificat de résidence et je lui tendis mon livret de famille. 

Et où sont tes témoins ? Me questionna t-il  avec une voix craintive et un regard fixe. 
Quels témoins je lui dis ? 

Il te faut deux témoins, pour qu'ils attestent en bons témoins sur la véracité de tes déclarations sinon walou ! Ter bah ! Me signifia mon interlocuteur. 

Mais mon frère, je lui dis ! Je sais lire et écrire et je sais même signer et je n'ai pas besoin de deux témoins pour m'assister. 

Ya khouya ? Nous si ! Il nous faut deux témoins ! Autrement niet makache el mouchahada ! Mais mon frère écoute, les témoins c'est fait pour assister les illettrés, ceux qui ne savent pas lire et écrire, de toute façon moi j'engage ma signature sur l'exactitude des déclarations sur le document et s'il y'a un pépin, je suis civilement responsable aux yeux de la loi, yek! , après tout je suis majeur et vacciné et je refuse ce paternalisme ! 

Tab - tab ! Qu'il me dit. Ce n'est pas toi qui décides! 

Mon frère s'il te plait, sahel-aliya ! Allah izeoudjek !, (facilite moi et que dieu te donnes une bonne épouse), donnez moi mon document s'il te plait, je suis très pressé, il me répondit, ya si Mohamed laisse nous travailler ou -zeouedj -ghir -enta ! Et va chercher tes témoins kima tout le monde ! Allez au suivant ! 

Résigné devant cette injustice forcée par ce trou du cul, je me suis mis un petit peu à l'écart devant le guichet, en marmonnant quelques gros mots, question de se défouler en attendant une issue salvatrice à mon problème. L'attente ne fut pas très longue, selek-el-hassline qui était dans les parages (le sauveur), me glissa un mot à l'oreille ,que je pouvais trouver des témoins taa-el-batel (lire témoin du faux ) devant la porte d'accès , il suffirait simplement ette-riglih( tu paies), comme on dit dans le nouveau vocabulaire ou-tek-dhi- essoulhek ,(tu règles ton problème ) je me suis dit, peut être qu'il a raison et que le plus con et le plus djayeh dans l'affaire , c'était moi l'entêté qui n'avait rien compris au mode de vie actuel, comme si je ne vivais pas dans bled el-aadjayeb ,alors d'un pas cadencé et résolu ,je me suis dirigé vers la porte de sortie. 

Là , il y'avait plusieurs écrivains publics, assis sous l'ombre des acacias occupés à faire le petit travail ,qui devrait être normalement exécuté par ceux qui sont payés pour le faire à l'intérieur des services, mais bof ! edherbou eneh (frappons le silence) je m'adresse à l'un deux, à khouya khassini zoudj ech-houd, ou rabi-khalssek ! (Aide moi j'ai besoin de deux témoins et dieu te le rendra) lala -enta-etkhalessni, il me répondit sans me regarder ! Et cent dinars le chahed ! Ok ! Je lui répondis ! Sur ce, il héla ses deux anges de compagnie taa ech-hada et les chargea de me suivre à l'intérieur des guichets. 

Et tout content je fis demi tour au milieu de mes deux anges- témoins que je ne connaissais ni d'Eve ni d'Adam et qui témoignèrent en « bon citoyen » pour mon compte et grâce à eux j'ai eu mon document lik-lih (fissa).

Par Adel

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