Kateb Yacine


Kateb Yacine est un grand romancier, poète et metteur en scène algérien. Il est né le 2 août 1929 à Constantine. Il a grandi au sein d’une famille berbère chaouis lettrée dans l’est algérien. Son grand-père maternel était juge suppléant du Cadi et son père était avocat.

En 1934, il entre à l’école coranique de Sedrata puis à l’école française Lafayette en basse Kabylie en 1935. Il rejoint l’internat du collège colonial Albertini de Sétif  en 1941 puis Kerouani après l’indépendance de l’Algérie.

Il participe aux manifestations du 8 mai 1945 alors qu’il se trouve en classe de troisième. Il assiste au massacre de milliers d’algériens puis trois jours après la police française l’arrête et le met en détention durant deux mois. Définitivement convaincu par la cause nationale, il est exclu du lycée et traverse une période difficile plongé dans les écrits de Baudelaire et Lautréamont.

Son père l’envoie au lycée de Bône à Annaba où il rencontre une cousine déjà mariée, Nedjma, avec qui il vit pendant huit mois. Il y publie son premier recueil de poèmes en 1946 et commence à donner des conférences sous les couleurs du Parti Populaire Algérien (PPA). En 1947, Il part à Paris et prononce une conférence sur l’Emir Abdelkader à la Salle des Sociétés savantes et adhère au Parti Communiste algérien. Dans son second voyage en France, il publie Nedjma ou le Poème ou le Couteau dans la revue Le Mercure de France.

Il travaille entre 1949 et 1951 comme journaliste au quotidien Alger Républicain et publie un article sous le pseudonyme de Saïd Lamri qui dénonce l’escroquerie au lieu sain de La Mecque.

Kateb Yacine devient docker à Alger en 1952 après la mort de son père. Il part à Paris et travaille avec Malek Heddad jusqu’en 1959 puis rencontre M’hamed Issiakhem et Bertold Brecht. La revue Esprit publie « Le cadavre encerclé » en 1954 mais interdit en France. En 1956 Nedjma paraît. Il connait une longue errance pendant la guerre d’indépendance traqué par la Direction de la surveillance du territoire. Il subsiste grâce aux petits métiers qu’il effectue en France, Allemagne, Belgique, Yougoslavie, Italie et l’Union Soviétique.

En 1962, Kateb Yacine est de retour en Algérie après un séjour au Caire. Il reprend ses contributions dans le journal Alger Républicain entre 1963 et 1967 ponctué par de nombreux séjours en Allemagne, à Moscou et en France. La femme sauvage qui l’écrit est représentée en 1963 à Paris, s’ensuit celles de « Les ancetres redoublent de férocité » et « La poudre d’intelligence ». Il publie dans Alger Républicain en 1964 six textes sur « Nos frères les Indiens » et raconte sa rencontre avec Jean-Paul Sartre dans Jeune Afrique. Il part au Viêt Nam en 1967 et écrit la pièce « L’homme aux sandales de caoutchouc ».

A partir de 1970, il s’établit durablement en Algérie où il travaille à la constitution d’un théâtre populaire interprété en arabe dialectal. Il débute avec la troupe du Théâtre de la Mer de Bab El-Oued avec laquelle il sillonne toute l’Algérie présentant les pièces « Mohamed prends ta valise », « La voix des femmes », « La Guerre de deux milles ans »…etc. Interdit d’antenne à la télévision en raison du message politique que véhiculent ses écrits, ses évocations de la langue tamazight et ses position libertaires, il fait jouer ses pièces dans les établissements scolaires et les entreprises.

En 1987, il reçoit le Grand prix national des Lettres en France pour sa pièce écrite sur Nelson Mandela. Il s’installe dans le Drôme et fait un voyage aux Etats-Unis et continue d’effectue fréquemment des séjours en Algérie.

Il est mort le 28 octobre 1989 à Grenoble laissant inachevée une œuvre sur les événements d’octobre 1988. Son œuvre est inscrite au programme de la Comédie Française en 2003.

Kateb Yacine a toujours considéré la langue française comme un « butin de guerre » qu’il utilise pour signifier au colonisateur français qu’il n’était pas français. Ses différentes œuvres traduisent sa quête d’identité d’un pays pluriculturel.

Kateb Yacine est le père d’Amazigh Kateb, chanteur du groupe Gnawa Diffusion.

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