Et si l'Algérie était une république islamique...


En décembre 1991, nous avons échappé de peu à une véritable catastrophe. Pensez donc, le FIS, parti islamiste et surtout islamisant, était sur le point de s'approprier le pouvoir grâce aux élections législatives. Heureusement - et cela mérite un grand soupir de soulagement - la Muette, soudainement frappée de parole, était intervenue afin de nous arracher au monstre intégriste et de garantir nos libertés individuelles et collectives. (!)

Imaginez une minute, même si c'est douloureux, ce qu'aurait été aujourd'hui l'Algérie du FIS.

Le Code de la Famille existerait toujours, refusant à la femme son droit à la dignité au nom d'une interprétation misogyne du Coran.

Des voiles envahiraient nos rues, permettant à des personnes de n'être plus personne, vague anonyme de tissu synthétique. Cette étrange claustrophobie qui touche certaines d'entre nous et nous empêche de nous cacher le visage et les cheveux nous transformerait en exceptions qui défions le règle au milieu de ces étoffes multicolores de musulmanes et demi au regard hostile.

A chaque heure de prière nous entendrions, où que nous soyons, quatre imams différents faire l'appel, puisque les mosquées auraient poussé comme des champignons après la pluie alors qu'une bibliothèque serait une espèce immobilière en voie de disparition. Il y aurait en ce moment même un projet de construction de la mosquée la plus grande du monde.

Aujourd'hui, nous aurions une chaîne de télévision religieuse. Quant aux débits de boisson et autre bar, ils seraient fermés un à un. 

S'il fallait, pour des raisons économiques, modifier l'aménagement de la semaine de travail, il serait totalement exclu de toucher au vendredi, jour de repos du Musulman à la Foi Qui Jamais Ne Vacille Sauf Si On Lui Change Son Emploi Du Temps. 

Bien sûr, appartenir à une autre confession que l'Islam serait un crime et les chrétiens par exemple seraient poursuivis comme des criminels, parfois mis en prison pour leurs croyances.

Dans une république islamique, il va de soi que le respect des rites musulmans serait une obligation totale et toute personne qui aurait l'idée saugrenue de ne pas faire le Ramadan serait passible d'une peine de prison. Car comment imaginer une seule seconde qu'un musulman, un vrai, puisse supporter la vue d'une mastication alors qu'il a lui-même l'estomac en veille spirituelle ? Et ce principe est si essentiel que même la presse, acceptant pour la bonne cause de se salir la plume, tomberait dans la délation, et ceci pour le maintien de l'unité nationale autour de son pilier principal : l'Islam. Intolérant.

Toute ressemblance avec la réalité est involontaire quoique malheureusement effective. Et il n'y a pas de pire ironie que celle qui n'a même pas besoin d'exagérer la réalité.

En 18 ans, l'intégrisme, autrefois prétexte à la dictature militaire et balayé d'un revers malhabile et intéressé, s'est insinué furtivement dans nos existences, se glissant sournoisement au détour de nos jours, si bien qu'aujourd'hui, nous nous réveillons dans une terre d'intolérance que nous ne reconnaissons même pas. En 1991, on s'accordait à dire que l'intégrisme était la pire chose qui pouvait nous arriver. Cela a profité à ceux qui, après avoir orchestré les évènements pour nous obliger à choisir entre la peste et le choléra, nous ont offert l'armée comme bouée de sauvetage.

Résultat, aujourd'hui nous nous débattons sous une dictature militaire qui menace de nous noyer dans l'intégrisme.

Par Nanou
Le 11 Septembre 2009

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