Algérie : vous avez du courrier


Chère Algérie,

C’est avec tristesse que je prends aujourd’hui ma plume pour te rédiger ces quelques lignes. Tu n’imagines pas ma peine à devoir faire le constat de l’échec de notre relation, une relation pour laquelle j’avais tout sacrifié, en laquelle j’avais mis tous mes espoirs. 

Lorsque tu as divorcé avec la France après ce long combat, j’ai vraiment cru que nous pourrions être heureux tous les deux. Nous avions la jeunesse, l’optimisme et ce fameux espoir qui nous permettrait de bâtir notre avenir sur des cendres. Nous nous sentions les maîtres du monde et nous ne voulions laisser personne se mettre en travers de notre bonheur. Mais voilà, les choses ne se déroulent pas comme on le voudrait, comme elles le devraient. Ils se sont immiscés entre nous. Ils t’ont manipulée, t’ont vidée de ton essence au point de ne plus savoir qui tu étais et tu as fini terrorisée, incapable de différencier ton ami de ton ennemi.

Je sais que tu essaies de te battre contre ce mal, que tu manifestes ton désaccord face aux injustices dont tu es victime, mais souhaites-tu réellement que les choses changent ? Si tu m’aimais vraiment, n’aurais-tu pas pu en finir avec ces tortures ?
Pardonne ma lâcheté. Elle n’est que la triste conséquence de mon épuisement. Je sais que tu n’es pas coupable de ton sort. Ils ont le Pouvoir. Ils sont le Pouvoir. Et tous les deux ne sommes plus rien dans la balance de leurs intérêts.

J’ai longtemps patienté, espérant retrouver un jour celle que j’avais connue, rebelle, forte, indépendante. Peut-être m’étais-je voilé la face, à l’instar de ceux qui voulaient voiler ton identité pour mieux cacher tes rêves et imposer leur loi. Sans doute ont-ils atteint leur but puisque aujourd’hui, las de t’attendre, j’en viens à vouloir me séparer de toi. Pas parce que je ne t’aime plus, mais parce que je t’aime trop et que cet amour me ronge au lieu de me soulager.

C’est sur ces mots que je te quitte aujourd’hui. Ne m’en veux pas trop, je m’en veux déjà tellement. Je n’espère pas trouver le bonheur avec un autre pays, je sais que personne ne te remplacera malgré tout. Je ne cherche que l’oubli de la douleur. En m’éloignant de toi sans doute parviendrais-je à ne penser qu’aux bons moments que nous avons partagé. Je me rappellerais de ton sourire et de ta joie de vivre. Et cela m’aidera à supporter ma solitude.

Ton peuple, qui t’aime en son âme et conscience.

Par Nanou

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