Algérie : La routine est de retour !


Entre la mort de deux généraux et deux scandales financiers, il y a la routine. Ou bien la mort des généraux et les scandales sont-ils eux-mêmes la routine ?

Quand un général meurt, la vie a réglé ses comptes avec lui. Quand un scandale éclate, c'est que deux clans règlent les comptes entre eux. Le problème étant que dans ces règlements de compte il n'y a pas de règles et que rien ne compte. Et lorsque deux clans se disputent une part un peu plus énorme du gâteau qu'est l'Algérie, les Algériens regardent d'un œil distrait, voire même un peu moqueur pour ne pas dire carrément méprisant, et ne prennent même plus la peine de se battre pour les éventuelles miettes qui tombent malencontreusement. C'est que l'on sait que somme toute, les deux clans ont un seul ennemi commun qui finit toujours par les réconcilier par son indifférente résignation. Le peuple paie fatalement les pots cassés lorsqu'une rivalité s'exprime au grand jour. Quoiqu'il les paie aussi quand la rivalité est cachée dans une nuit sombre...

La chute de Khalifa a fait des victimes non consentantes parmi les moins coupables, les vrais coupables étant toujours innocentés par un triste concours de circonstances atténuantes, et pour Sonatrach, on peut espérer qu'elle ne pourra plus rien nous prendre puisqu'elle ne nous a jamais rien donné.

Chakib Khelil nie que l'affaire Sonatrach soit un scandale. Benbouzid nie que les grèves dans l'enseignement soient justifiées. Un dirigeant d'entreprise d'Etat pourra-t-il jamais admettre qu'il se passe des choses pas très catholiques en haut lieu ? Et un ministre avouera-t-il jamais que son secteur accuse un retard de plusieurs dizaines d'années ? En plus de supporter tout le reste, ne pourrait-on pas se passer de ce genre de répliques absurdes ? Car enfin, aurons-nous un jour le droit le plus légitime de nous plaindre et d'user des épithètes de notre choix pour qualifier notre quotidien ?

Puisqu'en Algérie il n'y a pas de pauvres, ni de corrompus, ni de salaires trop bas, ni de prix trop élevés, ni de conditions de travail médiocres, ni d'élections présidentielles pathétiques, ni d'absence de liberté d'expression, ni de problèmes sociaux, ni d'inégalités, il ne nous reste plus qu'à nous taire et à attendre. Les prochains commentaires autorisés sont pour le mois de juin et en Afrique du Sud, assez loin des clans pour qu'ils puissent continuer à se battre et à se réconcilier dans l'ombre.

Par Nanou

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